La patron de Lufthansa débarque à Bruxelles. Son but: convaincre l’État belge de fournir une aide financière à Brussels Airlines. Les négociations s’annoncent compliquées.
Dans le feuilleton de Brussels Airlines, la semaine en cours sera décisive. D’abord, parce que le grand patron de la Lufthansa sera en visite à la Rue de la Loi pour discuter de sa filiale à 100% qu’est Brussels Airlines.
Si le patron allemand vient rendre visite à nos ministres, c’est parce qu’il a besoin d’argent pour sa filiale belge dont les avions sont cloués au sol comme les autres compagnies.
Je rappelle au passage qu’un avion qui ne vole pas continue de coûter environ le tiers de son prix via par exemple les coûts de leasing, de maintenance, sans oublier les frais de personnel.
Bien que le chiffre ne soit pas confirmé, il semble bien que les Allemands de Lufthansa voudraient avoir une aide de l’État belge estimée à 290 millions d’euros.
C’est là que tout se corse. En Belgique, plusieurs voix se sont élevées pour dire que ce n’était pas à l’Etat belge à sauver une compagnie aérienne qui ne lui appartient plus mais appartient à 100% à une compagnie privée allemande, à savoir la Lufthansa.
Bref, c’est à eux à assumer le sauvetage de Brussels Airlines qui, à leurs yeux, n’est d’ailleurs pas une entreprise essentielle. Quant aux Ecolos, si sauvetage il devait y avoir, ils souhaitent que cette aide soit conditionnée au respect de certaines contraintes environnementales.
Et depuis lors, on a tout entendu et son contraire. A plusieurs reprises, la presse a indiqué que l’Etat belge était prêt à voler au secours de Brussels Airlines, et à chaque fois, Alexandre De Croo, le ministre en charge du dossier, est monté au créneau pour démentir et expliquer que rien n’était fait.
Et c’est donc dans un climat hostile qu’arrive le patron de Lufthansa pour expliquer sa demande de soutien financier à l’Etat belge. Et en bon communicateur, il a fait précéder sa venue par un argumentaire en sa faveur.
D’abord, le patron de Lufthansa joue la carte de l’emploi. Selon lui, Brussels Airlines, c’est 4200 personnes mais c’est aussi 50.000 emplois en indirect.
Ensuite, autre argument, sans la présence de Brussels Airlines, c’est environ l’assurance de perdre 50% des vols longs courriers au départ de Bruxelles.
Parmi les autres arguments relevés dans ce courrier à destination des ministres belges, il y aussi le fait que Brussels Airlines est la porte d’entrée en Afrique, un continent amené à se développer fortement au cours des prochaines années.
Bref, le patron de la Lufthansa sort ses arguments pour montrer aux Belges qu’ils ne doivent pas être myopes et ne pas s’arrêter au fait que cette compagnie n’a plus d’actionnaire belge.
Ce qu’il faut regarder, selon lui, c’est le service qu’elle rend à l’économie belge. Justement, c’est sans doute sur ce volet que la discussion va se faire, car l’Etat belge a, grâce au COVID-19, une opportunité importante pour par exemple entrer dans le capital de Brussels Airlines et donc participer ainsi aux décisions.
On verra d’ici peu le résultat de ce bras de fer entre notre gouvernement et la Lufthansa. Mais il faut déjà savoir que le patron de Ryanair ne laissera pas cette aide – si elle a lieu – se passer dans le calme et la sérénité, car il a déjà annoncé qu’il allait attaquer en justice toutes les aides d’Etat aux compagnies aériennes. Le feuilleton aéronautique sera donc épicé et plein de rebondissements.