La demande en mariage de Peugeot à Opel a étonné les milieux politiques allemands, pour ne pas dire qu’elle les a irrités, car elle pourrait se traduire par des pertes d’emplois en Allemagne.
Pourtant, cette volonté de racheter Opel est logique pour le groupe PSA, autrement dit Peugeot. Mieux vaut en effet se chercher une fiancée présentable quand on affiche une certaine santé plutôt que lorsqu’on est au plus mal financièrement. Et c’est exactement le raisonnement qui a été tenu par la direction du groupe PSA. Souvenez-vous, il y avait eu une première tentative de mariage en 2012, mais elle a vite tourné à la débandade, car le groupe français était en pleine hémorragie de cash.
Reste la principale question: pourquoi ce mariage ? Si Peugeot est intéressé à racheter Opel, c’est surtout parce que si l’on veut survivre dans l’industrie automobile, il faut atteindre un certain volume. Ce mariage est donc une réponse à cette course aux volumes. Or, malgré des difficultés financières, le groupe fondé par Adam Opel en 1862 distribue encore un million de véhicules sur le marché européen.
Et même si Opel est en recul sur le long terme, la marque jouit encore d’une présence solide sur le très lucratif marché allemand. Mais bon, l’entreprise n’a pas que des qualités et son manque de sex-appeal auprès du public est visible. En effet, un signe qui ne trompe pas, c’est que ses positions commerciales sont plus solides chez les grands loueurs d’automobiles que chez les particuliers.
« La demande en mariage de Peugeot à Opel tombe très mal pour Angela Merkel »
Mais même si ce mariage entre deux constructeurs automobiles a été annoncé le jour de la Saint-Valentin, ça commence plutôt mal… En effet, le lendemain de l’annonce, c’est-à-dire le 15 février, la réaction de la ministre allemande de l’Économie a été cinglante. Elle s’est plainte publiquement de ne pas avoir été informée au préalable.
Il faut dire que sitôt l’annonce de rachat connue, le journal populaire Bild, un journal extrêmement influent puisqu’il tire à plus de trois millions d’exemplaires par jour, a focalisé son titre sur les milliers de jobs qui risquent de disparaître. Pour la rédaction du Bild, c’est une évidence: une fusion PSA-Opel ne se fera pas sans casse sociale. La raison ? Les deux groupes sont présents exactement dans les mêmes régions et sur les mêmes segments de marché. Bref, comme l’a écrit un spécialiste de cette matière: ça doublonne de partout.
Et ça tombe aussi très mal pour Angela Merkel. À sept mois des élections législatives de septembre, son camp est déjà fragilisé et n’a vraiment pas besoin de fermetures d’usines en ce moment, surtout s’il s’agit d’une marque aussi symbolique qu’Opel !