Notre chroniqueur éco, revient sur la restructuration d’IKEA en Belgique pour expliquer les changements en œuvre dans le monde du travail à l’ère du numérique.
IKEA a surpris le public lorsque ce mastodonte a décidé de supprimer 7.500 emplois de par le monde dont une centaine en Belgique.
Les syndicats étaient d’ailleurs les premiers sonnés par cette annonce. Ils ne s’attendaient pas non plus à ce qu’une enseigne aussi florissante mène une telle restructuration. Si même IKEA a des soucis alors qui n’en a pas ?
En réalité, la décision d’IKEA ne prouve pas que les comptes de l’entreprise suédoise sont mauvais, mais la direction a compris qu’elle devait s’adapter à nos comportements et donc anticiper.
A l’ère du digital, le grand magasin de périphérie a perdu de son intérêt. Exactement comme l’hypermarché. Ce sont des modèles qui ont vieilli et appartiennent au commerce du XXème siècle. De plus, en Belgique, IKEA est coincé entre des magasins comme Action qui garantissent les prix les plus bas et des acteurs du numérique comme Amazon, Bol.com ou Coolblue.
En fait, les restructurations d’IKEA et de Carrefour sont un peu similaires. Les uns et les autres ont compris qu’il faut se rapprocher du client et le suivre en centre-ville. Decathlon a fait également le même choix. Ils ciblent tous le centre-ville, et à les écouter, l’avenir n’appartient donc plus aux grands magasins en bordure de ville, mais au démarchage du citadin (selon L’Echo).
« La décision d’IKEA ne prouve pas que les comptes de l’entreprise suédoise sont mauvais, mais la direction a compris qu’elle devait s’adapter à nos comportements et donc anticiper »
La raison en est simple : nous sommes plus nombreux à ne plus avoir d’automobile et nous sommes aussi plus nombreux à nous installer dans de plus petits espaces.
Bref, tout cela a déjà un impact sur le chiffre d’affaires d’IKEA et des autres distributeurs, et voilà pourquoi ils s’adaptent à marche forcée.
L’autre enseignement de cette mutation sociologique et numérique, c’est que dans le cas d’IKEA, ce sont les emplois qualifiés qui sont surtout touchés alors que les emplois moins qualifiés le sont moins.
En effet, la direction d’IKEA évoque des doublons pour sacrifier les personnes travaillant dans les services centraux et notamment le département des ressources humaines, alors que les magasins et les unités de distribution ne sont pas affectées.
Ce qui prouve une fois de plus que dans cette économie numérique, non seulement les emplois ne sont plus garantis à vie, mais qu’au contraire, nous sommes tous priés de nous adapter tout au long de notre vie et d’être en formation permanente.
Pour les uns, c’est une chance de s’améliorer, d’acquérir de nouvelles compétences, mais pour beaucoup d’autres, c’est un stress supplémentaire. Inutile de les blâmer, mais il faut les aider. Comment ? C’est la grande question que se posent les dirigeants d’entreprises et les gouvernants politiques.