« Pourquoi la voiture électrique ne tuera pas l’essence et diesel de sitôt »

Les gouvernements européens évoquent depuis quelques semaines l’interdiction des voitures essence et diesel dans nos villes. Les uns parlent de 2040, d’autres déjà de 2030. Mais tous sont fiers d’annoncer ce genre de décisions, forcément bonnes pour notre environnement. Reste à savoir si ces annonces sont réalistes ou relèvent de la pub électorale…

Je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais j’ai été interpellé par l’opinion de Philippe Casse, présenté par mes confrères de La Libre comme un historien de l’automobile. Selon cet expert, ce bannissement des voitures thermiques est tout simplement illusoire. Pourquoi ? Tout simplement, et là je reprends son argumentaire, parce qu’il est impossible que la totalité des automobiles à moteur thermique – environ 1,25 milliard d’autos – soit remplacée par des voitures électriques. Pour Philippe Casse, c’est techniquement impossible.

Pour quelles raisons ? « Si l’ensemble du parc belge de voitures automobiles (5.750.000) était électrique, il faudrait augmenter de 30 % la production électrique de notre pays ! Question vache à la clé: est-ce possible avec l’annonce de la fermeture des centrales nucléaires ? », pointe Philippe Casse.

Ensuite, toujours selon cet expert, c’est impossible d’un point de vue environnemental. En effet, parmi bien d’autres raisons, « les voitures électriques produisent par exemple environ la moitié des particules fines des voitures diesel équivalentes (usure des freins, pneus, etc.) ou des voitures à essence équipées de moteur à injection directe ».

« Derrière les slogans, il y a une réalité économique, et elle est souvent complexe... »

Et puis, toujours d’après notre auteur, c’est impossible sociologiquement. « Les 2/3 du parc automobile belge « dorment » sur la voie publique et la Commission européenne ne demande à la Belgique de n’installer que 21.000 bornes de charge sur cette même voie publique », autant dire, rien !

Sans compter « que la moitié des ménages belges ne veut ou ne peut avoir qu’une seule voiture, et que celle-ci doit donc assurer tous les besoins de mobilité automobile de la famille. C’est surtout vrai pour les trajets sans alternative modale comme beaucoup de déplacements à longue distance à plusieurs personnes avec bagages. Impossible aussi d’imaginer la recharge simultanée de milliers de voitures électriques sur la même route des vacances ». Et enfin, un autre argument avancé par cet expert est qu’il y a un nombre non négligeable de professionnels de la route dont les activités les amènent à rouler toute la journée et à ne pas disposer du temps nécessaire pour s’arrêter et recharger des batteries.

Et comme si cela ne suffisait pas, notre expert estime aussi que c’est impossible fiscalement. En effet, « chaque véhicule électrique en plus dans le parc automobile équivaut à un véhicule thermique en moins ! Comment l’État va-t-il alors compenser les pertes d’accises et de taxes sur le carburant (5 milliards d’euros) qui ne sont plus générées par les voitures électriques ? »

Bien entendu, tous ces arguments sont discutables et seront d’ailleurs critiqués par d’autres experts, d’autant que ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut renoncer à cet objectif. Mais ces arguments ont au moins l’intérêt de mettre en avant ce que je ne cesse de décrire dans ces chroniques: derrière les slogans, il y a une réalité économique, et elle est souvent plus complexe que ce qu’on peut voir ou entendre ici ou là ! Voilà un autre sujet de débat sociétal qui, je l’espère, ne sera pas escamoté et confisqué par l’idéologie du court terme qui nous gouverne depuis quelques années !

 

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