Pourquoi la Flandre a-t-elle un taux de chômage historiquement bas de 3,5% alors qu’à Bruxelles, ce taux est de 13% et de 8% en Wallonie ?
Fin de la semaine dernière, une vingtaine de patrons belges ont lancé un message à l’égard des politiques. En gros, ils leur demandent de regarder au-delà des élections et de venir avec un plan à 10 ans, voire plus.
Je crois que c’est toujours bon qu’il y ait un dialogue entre les chefs d’entreprise et les politiques mais, à mon avis, les politiques flamands ont dû être surpris, car ils estiment qu’ils n’ont de leçon à recevoir de personne. Ils n’ont pas tout à fait tort : il suffit de regarder le taux de chômage de la Flandre, il est aujourd’hui de 3,5%, c’est le taux le plus bas depuis 1983 !
Autrement dit, en Flandre, n’importe quel économiste vous le dira, on peut considérer que cette Région est en situation de plein-emploi pour la simple raison qu’il est difficile de tomber sous la barre des 3%, ce que les économistes appellent le chômage frictionnel.
En Wallonie, le taux de chômage a aussi baissé puisqu’il est passé de 12% en 2015 à 8,5% aujourd’hui, mais ce n’est quand même pas comparable au taux de 3,5% de la Flandre… Quant à Bruxelles, le taux reste, hélas, trop élevé avec 13% de chômeurs.
Evidemment, la vraie question c’est « pourquoi la Flandre est en situation de plein-emploi et pas les deux autres Régions ? » Il y a plusieurs facteurs pour expliquer cette distorsion. Le premier est démographique : le vieillissement de la population est plus fort en Flandre et impacte le taux de chômage.
Les autres explications, avancées par les experts, sont plus stratégiques. Les uns considèrent qu’en Wallonie, on a perdu du temps à vouloir protéger des industries anciennes, et donc la reconversion a été plus lente, plus tardive. D’autres estiment que la Flandre s’en tire nettement mieux car elle a une politique plus stimulante pour motiver les gens qui cherchent de l’emploi.
Et les derniers avancent encore le facteur enseignement, un enseignement qui serait plus efficace au nord du pays qu’au centre ou au sud. Le résultat, c’est que 45% des demandeurs d’emplois en Wallonie n’ont pas leur diplôme de fin d’études secondaires…
Et c’est un des soucis de la Wallonie, d’un côté, les demandeurs d’emplois sont nombreux, et de l’autre, les entreprises pleurent pour trouver des profils qualifiés : 27.000 jobs sont à pourvoir en ce moment mais hélas il n’y a pas de candidats compétent… Un des enjeux des prochaines élections sera d’arriver à des solutions pour arrêter ce gâchis humain.