Pourquoi avons-nous un aussi mauvais taux d’emploi ?

Après le faible taux d’épargne des Belges, c’est aujourd’hui un autre chiffre qui attire le regard, le taux d’emploi en Belgique.

Il y a des chiffres qui en disent plus long que certains discours. Je vous avais déjà parlé du fait qu’un Européen sur trois n’avait pas d’épargne. Le pourcentage est plus faible en Belgique, mais il est tout de même de 20%. Aujourd’hui, c’est un autre chiffre qui attire le regard: le taux d’emploi en Belgique.

Le taux d’emploi correspond au pourcentage de personnes qui ont un job parmi celles en âge de travailler. La mauvaise nouvelle, c’est que la Belgique a l’un des taux d’emploi les plus faibles en Europe, soit 62% pour la fin 2016. Il n’y a que 3 pays qui font moins bien que nous : la Grèce, l’Italie et l’Espagne, pas très glorieux.

Les bons élèves comme l’Allemagne ou les Pays-Bas sont autour des 74% et non pas 62 comme en Belgique. Pourquoi avons-nous un aussi mauvais taux d’emploi ? Autrement dit, pourquoi un Belge sur trois ne travaille-t-il pas, alors qu’on nous dit que cela s’améliore sur le front de l’emploi ?

La raison principale pour expliquer ce faible taux d’emploi, c’est que la Belgique a pendant trop longtemps poussé nos concitoyens vers la prépension. On y a remédié depuis lors, mais le mal était déjà fait.

« Pourquoi un Belge sur trois ne travaille-t-il pas, alors qu’on nous annonce des améliorations sur le front de l’emploi ? »

L’autre difficulté, c’est que ce faible taux d’emploi reste stable depuis plusieurs années. Ici, il faut toutefois nuancer les mauvais chiffres. En effet, la stabilité du faible taux d’emploi s’explique aussi par le fait que la population en âge de travailler a augmenté assez fortement.

On peut donc voir cela plus positivement. Si le taux d’emploi est resté stable au fil du temps, c’est que la Belgique a été capable de créer des emplois, pas assez hélas pour améliorer la situation, mais assez pour éviter de dégrader la situation. C’est plutôt une bonne nouvelle.

Bien entendu, ce qu’il faudrait à l’heure actuelle, c’est améliorer ce fameux taux d’emploi pour être au moins au niveau de la moyenne européenne et surtout pour redonner de l’espoir aux citoyens. Là encore, il y a du boulot. Un seul exemple : le gouvernement peut décider de remonter l’âge de la prépension pour décourager les employeurs de recourir à ce genre de stratagème social, mais ce n’est pas suffisant. Encore faut-il que les entreprises proposent plus d’emplois pour cette catégorie de personnes ?

Comme le font remarquer finement les députés écolos Philippe Lamberts et Philippe Defeyt, dans toutes ces comparaisons entre pays, encore faut-il aussi s’assurer qu’on parle tous la même langue.

Souvent les économistes citent en exemple l’Allemagne pour son taux d’emploi excellent, mais que veut dire ce taux d’emploi quand la démographie est faible en Allemagne ? Et que veut dire « emploi » si cet emploi est faiblement rémunéré et souvent pratiqué à temps partiel ? Churchill disait qu’il ne croyait que dans les statistiques qu’il avait lui-même trafiquées. Espérons que les chiffres du bureau du plan – un organisme indépendant – soient les bons, car ils nous promettent la création de 260.000 jobs pour 2022.

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