Le vent tourne pour les géants du numérique

Coucher de soleil sur le port de Naxos ©Hervé Ducruet

Le scandale du détournement des données personnelles de 50 millions d’Américains par une société britannique a fait perdre beaucoup d’argent en Bourse aux réseaux sociaux, et pas seulement à Facebook.

Outre Facebook, Google, Apple, Amazon, qui se nourrissent eux aussi de nos données personnelles, ont perdu de belles plumes en bourse. Plus de 100 milliards de dollars partis en fumée en quelques jours au début de la crise.

Et il n’y a pas que la Bourse qui s’inquiète ou les utilisateurs qui demandent à boycotter ces réseaux sociaux. La peur est aussi palpable chez les annonceurs, qui s’interrogent pour savoir si Facebook est toujours aussi fiable que par le passé en matière de protection des données. Les marques actives sur les réseaux sociaux ont évidemment peur d’un retour de boomerang. Mais plus globalement, le vent est en train de tourner à l’égard des géants du monde numérique.

« Le monde numérique doit être régulé, exactement comme le monde de l’industrie automobile »

Ce monde numérique nous avait promis le paradis sur terre – nous serions mieux informés, mieux soignés et nous aurions les plus belles distractions du monde au bout des doigts… et tout cela a été réalisé, il faut le reconnaître -, mais peu de personnes avaient imaginé le prix de ce nirvana terrestre. Le prix, c’est que nos achats ne sont pas spontanés, qu’ils sont influencés par des algorithmes. Le prix, c’est que nos votes sont aussi influencés, toujours par ces mêmes algorithmes.

Le prix, comme le rappellent Les Echos, c’est que demain, l’algorithme de la voiture autonome dans laquelle nous nous trouverons choisira sans doute de nous tuer en évitant une collision avec un bus scolaire. Le prix, c’est que les géants du Net ne paient pas ou presque pas d’impôts, et ce sont les finances de l’Etat qui sont fragilisées. Le prix, c’est que ces géants ne respectent pas le droit du travail et ne versent pas de cotisations sociales, créant une distorsion de concurrence avec d’autres métiers.

Mes confrères du journal Les Echos ont raison de rappeler que certains commentateurs estiment que le monde numérique doit être régulé, exactement comme le monde de l’industrie automobile. Au début, la voiture nous a apporté la liberté de mouvement et nous a rapprochés de nos proches.

Mais au final, on a découvert que la voiture, c’est aussi des bouchons et de la pollution. Et aujourd’hui, personne ne s’étonne de voir les pouvoirs publics imposer des ceintures de sécurité, imposer des limitations de vitesse et imposer des normes de pollution. On interdit même l’entrée de certaines voitures en centre-ville.

Eh bien, c’est sans doute ce qui va se passer avec le monde numérique. Il n’échappera plus à la réglementation, surtout si certains osent le comparer non pas à l’industrie automobile, mais davantage à l’industrie du tabac !

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