Aujourd’hui, mercredi 23 août, la huitième étape, d’une petite centaine de de kilomètres nous transporte de Givet à Huy. Il est dit qu’on peut gagner une course la nuit qui la précède. Un sommeil de plomb donne le lendemain des ailes, j’aurais dû comprendre que dès le départ la journée serait difficile pour moi qui n’avais pas fermé l’œil de la nuit. Ensuite, on se trouvait dans notre pays pour arriver au bout de l’étape chez nous.
Et pourtant, très vite, nous nous sommes rendus compte que nous n’étions plus en France, plus question de véloroute. Après 430 kilomètres en France, nous passons la frontière. Le parcours jusque Namur est vraiment enchanteur, si ce n’est que le Ravel est aussi fort fréquenté par les piétons. À Waulsort, on ne peut s’empêcher de tailler une bavette avec le passeur d’eau. Ensuite, nous prenons le temps de nous faire un petit château.
Château de Freÿr
L’ancienne résidence d’été des Ducs de Beaufort-Spontin, de style Renaissance, meublé et décoré par les 20 générations qui ont habité ces lieux, le murmure des jets d’eau, le parfum des orangers tricentenaires et six km de petits labyrinthes en charmilles enchanteront petits et grands.
Nous sommes bien en avance sur l’horaire, quand nous arrivons à Dinant, la ville qui a vu naître Saxe comme en attestent tous les saxophones décoratifs sur le pont. Dans le coin, à Leffe, est né Dominique Pire, prix Nobel de la paix en 1958.
Par contre, nous évitons la citadelle de Dinant, même si un téléphérique propose de nous y emmener. Toujours à Dinant, Daniel achète des couques, trop dures à croquer à mon goût. Par contre, je loupe rarement le marchand de glace à Wépion, une institution!
Quant au chemin proposé, dommage qu’à Rivière il y ait un tronçon en gravier. A Anhée, on peut faire un joli détour vers Maredsous, l’abbaye est moche, mais le chemin est beau! Nous négligeons nature et sa citadelle, sa place Aux Légumes et ses petites rues. Daniel me raconte que sur la rive droite habite Benoît Poelvoorde.
Le roi Albert
À Marche-les-Dames, où le roi Albert est tombé du Rocher, nous marquons une pause, le temps d’écouter Viviane Rousseau, un personnage haut en couleur, un rien étrange mais tellement humble.
Bouquiniste dans le passé, elle se partage aujourd’hui entre Redu, où elle gère un gite et des chambres d’hôtes et Marche-les-dames, la maison de ses parents. Viviane connaît sur le bout des doigts l’histoire et les histoires. Avec elle, on croit visiter un endroit, mais on est plutôt projeté dans un grand livre.
A Namèche, nous repassons le pont et rejoignons la rive droite. Il faut bien constater constate que, si elle comporte quelques parties sympathiques (Entre Wanze et Seilles), voire franchement agréables (Beez), la rive gauche comporte beaucoup de tronçons de liaison désagréables (Seilles) voire dangereux (Sclaigneaux). Bref, je conseille d’emprunter la rive droite, en suggérant de petits détours pour visiter les jolis villages de Ben et Gives (entre autres) et pourquoi pas Andenne.
La ville des millionnaires
Nous voici à Huy, la ville coupée en deux par la Meuse. Ruelles pittoresques et édifices médiévaux vous plongent dans un passé chargé d’histoire. Le contraste est saisissant entre une animation trépidante des commerces et du tertiaire les jours ouvrables et le calme plat d’une ville livrée à une industrie touristique en pleins balbutiements le dimanche.
Au cours du 19e siècle, avec l’essor de la papeterie et de la métallurgie, plusieurs familles hutoises se sont enrichies, d’où son surnom de la Ville des millionnaires. Huy est généreuse avec le touriste en lui proposant un large éventail de possibilités. N’empêche, le must, c’est le Mur, qui lui a donné une nouvelle notoriété.
C’est ici à Huy, que Daniel et moi, nous nous séparons. Lui choisit l’hôtel Sirius et moi une chambre d’hôtes à Saint-Léonard, le pré de Caroline. Certes, au-dessus d’une belle côte, mais Paul, le patron offre la navette pour les cyclistes et les piétons entre le centre de Huy ou la gare, ou le port.
J’ai toujours préféré la campagne en ville, ou la ville à la campagne. Là dans le jardin, tout en dégustant une Korus brassée à Amay, je bouquine le nouveau roman de Nathalie Bouquiau tout en restant schootché sur cette phrase : « Longtemps, sans y penser, ils se sont donné la main. Ainsi enlacés, à deux, ils rêvaient au même ciel, les yeux remplis de l’autre, les mains confondues…»
Pour relire les précédents articles :
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (1)
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (2)
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (3)
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (4)
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (5)
Pouilly-en Bassigny – Rotterdam à vélo (6)