Le rêve américain est mort… Et une des manières de le faire revivre est d’augmenter les impôts sur les plus riches! Cette phrase forte n’a pas été tenue par un Mélenchon américain, mais par Ray Dalio, un des financiers les plus connus des États-Unis.
Ray Dalio a une fortune personnelle d’environ 18 milliards de dollars. Et que dit exactement ce milliardaire ? Qu’il est un capitaliste, que le système capitaliste a fonctionné pour lui car il n’avait rien au départ et qu’actuellement, il est un des hommes les plus riches au monde.
C’est vrai que cet homme, qui a démarré sa carrière dans un appartement deux pièces à Manhattan, s’inquiète aujourd’hui des inégalités dans son pays. En effet, les inégalités entre les riches et les pauvres sont à leur niveau le plus élevé depuis la crise des années 30.
Ray Dalio a profité d’une interview de grande écoute pour montrer un graphique dans lequel on voit que la richesse de 1% de la population américaine équivaut aujourd’hui à celle de 90% des Américains. Et pour montrer qu’il ne se contente pas de constater, lui et son épouse ont versé 100 millions de dollars en faveur des écoles publiques de l’Etat du Connecticut.
Mais Ray Dalio n’est pas le seul à s’inquiéter de la montée des inégalités aux États-Unis. En quelques semaines, coup sur coup, des milliardaires comme Bill Gates, Warren Buffet et même Jamie Dimon, le patron de JP Morgan la plus importante banque américaine, tous ont tiré la sonnette d’alarme. Ils estiment que les plus riches sont sous-taxés et que le rêve américain, c’est-à-dire la possibilité de devenir riche en partant de rien, n’est aujourd’hui plus possible à cause du système actuel qui rend les riches plus riches et que les pauvres n’ont plus l’occasion de sortir de leur condition. Même la petite fille de Walt Disney a ajouté sa voix au débat actuel : elle a déclaré que si le salaire d’un PDG est 700, 600 ou 500 fois plus élevé que le salaire médian de l’entreprise, il y a un gros souci. Selon elle, même Jésus Christ ne mérite pas d’avoir un salaire 500 fois plus élevé que le salaire médian.
Mais attention, tous ces Américains fortunés, qui critiquent les actuelles inégalités, ne se sont pas transformés en partisans du parti communiste.
Ils partent du principe qu’une société trop inégalitaire est source de tension, voire qui sait d’une révolte sociale, mais pour le reste, ils sont comme Jamie Dimon. Le patron de la banque JP Morgan est un autre exemple du rêve américain : ses grands-parents étaient des immigrés grecs et le voilà à la tête de la plus grande banque américaine.
Mais même s’il est critique à l’égard du capitalisme et de ses dérives, il ajoute qu’il n’a pas envie que son pays sombre dans le socialisme qui selon lui produit inévitablement « la stagnation, la corruption (…), ce serait un désastre selon lui, comme cela a été dans d’autres pays ». Il faut dire qu’aux Etats-Unis, « socialisme » reste encore un gros mot et est associé au communisme dans l’esprit du grand public.
En attendant ce débat n’a pas lieu uniquement aux États-Unis, il fait aussi rage en Europe. J’en parlais hier avec un banquier qui m’expliquait qu’en fixant les taux d’intérêt quasi à 0%, la banque centrale européenne condamne la majorité de la population à ne pas avoir de rendement pour son épargne pendant 10 ou 20 ans encore. Autrement dit, pour sauver nos emplois, notre épargne ne rapportera pas grand-chose pendant plusieurs années. De quoi alimenter, en effet, pas mal de frustration…