Nous avons récemment conversé avec Mr Gé Kusters, Vice-président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein-Air (France), qui nous a dressé le portrait de ce qu’on appelle plus communément « le camping », lequel s’est considérablement diversifié, comme on va le voir.
La destination France est vice-championne du monde, derrière les USA, pour ce qui est de l’hôtellerie de plein-air, avec 8000 campings ! Leur dimension moyenne est de 100 emplacements, soit environ 400 personnes sur site, géré habituellement par un couple avec deux ou trois employés.
Gé Kusters (d’origine néerlandaise mais né en Dordogne) nous explique l’importance du secteur, sur le département qu’il connaît le mieux : le chiffre d’affaires du secteur représente 1/3 du PIB de la Dordogne ! On y trouve pas moins de 220 campings, dont un seul dépassant la moyenne avec 600 emplacements.
On ne s’en rend pas toujours compte, mais le camping (au sens large) représente le premier type d’hébergement de vacances en France. Les grandes exploitations se taillent la part du lion puisque 15% des campings font 50% du chiffre d’affaires.
-AirBnB a-t-elle fait de l’ombre aux logements de plein air ?
Pas vraiment, parce que le temps de séjour moyen en camping est bien plus long que celui des B&B, avec plus de 5 nuitées en moyenne. En revanche, une autre OTA tente de pénétrer le marché : Booking.com, naturellement. Elle n’est pas la seule : la Fédération française a signé près de 20 partenariats avec des OTA, consistant essentiellement en une charte de bonne entente en vue d’établir une relation équilibrée.
-Y a-t-il eu une évolution qui va de la tente à la caravane et enfin au mobil-home ou camping-car ?
Le camping a changé, on voit apparaître des néo-campeurs. Il y a de plus en plus de « locatif », c’est-à-dire des caravanes résidentielles ou du logement alternatif en cabane par exemple (35% contre 65% au camping traditionnel). S’il est vrai que le camping-car progresse de 5 à 6% l’an, on voit aussi un net retour à la tente, et donc une envie à se rapprocher de la nature, et d’ être plus léger et plus souple dans les déplacements.
Autre chiffre un peu surprenant :
2/3 de la clientèle est composé de Français ! Et plus on monte en qualité, plus on a des étrangers. Parmi ceux-ci, la clientèle vient principalement de Grande-Bretagne et des Pays-Bas, suivis de l’Allemagne et de la Belgique. Les autres nationalités sont marginales.
Question immanquable : quid du covid et de l’après-covid ?
Les campings sont rouverts depuis le 3 Juin, y compris les piscines (en France, on a bien compris que le virus ne résiste pas du tout à l’eau chlorée, ce qui nous a toujours semblé évident -mais nous ne sommes pas savants, nous).
Les clients sont heureux, ils disposent de plus d’espace, parfois jusqu’à 100m², et de plus d’équipements individuels, puisque le taux d’occupation tourne autour de 50%, au mieux 60%. Les animations sont en peu moins denses qu’en temps normal, mais les clients comme les organisateurs s’adaptent.
Voilà donc brossé le portrait d’une « industrie » du tourisme qui échappe au secteur des AGV, mais de moins en moins à celui des OTA.