Je suppose que plus personne n’ignore que 21, Rue de la Boétie est à la fois le titre de l’ouvrage d’Anne Sinclair et de l’expo consacrée à la collection d’art de son grand-père Paul Rosenberg.
Aspect pratique
L’expo se déroule à Liège depuis la fin septembre et se poursuivra jusque fin janvier ; c’est la première à se tenir dans le nouveau musée liégeois de la Boverie. Aspect pratique : vous pouvez stationner gratuitement dans toute la ville jusqu’au 31 décembre 2016, et depuis les quais de la Meuse, la nouvelle passerelle vous mène directement au pied du musée, en traversant les 140 m du fleuve, tout en profitant d’une vue splendide sur la ville et l’enfilade de ses ponts. C’est encore mieux d’y aller en train, la gare est vraiment proche, on peut l’admirer depuis la passerelle !
Un mot sur le musée d’abord.
Il y avait du monde, donc un peu d’attente à la caisse, on n’est pas pressé. L’endroit est agréable et accueillant, il y a des casiers gratuits et fermant à clé pour y déposer sacs et autres objets, mais franchement on aurait pu voir plus grand, en espace disponible (tout juste pour une mallette, par exemple) et même en nombre de casiers : il en restait 3 de disponibles quand je suis arrivé, un mardi midi. Cela prouve d’ailleurs le succès de l’expo.
Les toilettes aussi ne sont vraiment pas nombreuses… Un grand groupe flamand bénéficiait des explications d’une excellente guide de leur langue.
Des œuvres importantes
En matière d’art, on a coutume de dire que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Les spécialistes de la vente d’art parlent souvent d’une œuvre ou d’une collection « considérable », c’est-à-dire au sens propre « qui mérite considération ». Et c’est bien le cas de cette exposition. On nous annonce du Picasso, Matisse, Braque, Léger et Marie Laurencin : ils sont là, avec d’autres tout aussi connus : Gauguin, Chagall et sa fameuse « Maison bleue », par exemple.
Pourquoi cette gène ?
Je regrette qu’on ait beaucoup moins parlé d’un autre aspect de l’exposition, qui m’a vraiment étonné. Il concerne la montée du nazisme. Hitler a organisé durant de nombreuses années des expos sur l’art allemand, en parallèle avec ce qu’il nommait « l’art dégénéré ». Et cet aspect historique tout autant qu’artistique est bien mis en lumière dans 21, rue de la Boétie.
Art dégénéré face aux thèmes du national-socialisme
L’art allemand « pur » tel que rêvé par Hitler chantait la famille, nombreuse si possible, le travail et surtout le corps musclé des travailleurs, ou encore le corps pulpeux de femmes blondes réduites à la fonction de reproductrices et nourrices pour les travailleurs et la chair à canon des lendemains. Cette vision est remarquablement mise en lumière, avec la juxtaposition des tableaux « allemands » sur l’un de ces thèmes, avec un tableau « dégénéré » sur le même thème.
Beaucoup de raisons d’aller à Liège
N’hésitez donc pas à vous rendre à Liège : si l’art « considérable » ne vous parle pas, vous avez des tas d’autres raisons. La ville est sans conteste l’une des plus belles, et son marché de Noël le plus grand du pays. Les spécialités locales, à quelques jours d’une année touristique dédiée aux produits de terroir, ne sont plus à vanter : boulets, salade liégeoise ou lacquemants vous raviront. Comme le slogan le disait naguère : « Allez à Liège, c’est là que ça se passe ! ». Et le tout avec cette traditionnelle gentillesse de la population liégeoise, que les Carolos pourront apprécier 😉