Vive le cirque ! Déjà avant d’aller à l’école, mon grand-père m’amenait régulièrement au cirque. Pour moi, c’était un monde merveilleux : les acrobates, les trapézistes qui me faisaient peur, les éléphants que je voulais toucher, les clowns dont je craignais toujours qu’ils me désignent pour m’envoyer de la farine à la figure et… les fauves, bien sûr. A l’entracte, on allait visiter les ménageries pendant que les ouvriers dressaient les cages pour le premier spectacle après la pause, toujours les dresseurs de lions ou tigres.
Je crois que je devais avoir quatre ou cinq ans, lorsque j’ai vu le premier cirque sur la place Flagey à Bruxelles. C’était le cirque Jean Richard. Après cela, il y en a eu plein : les cirques Knie, Pinder, Chipperfield, Gruss ou Krone. Plus tard, mais j’étais « grand », j’ai vu le cirque Alexandre Bouglione qui, au passage, est un homme admirable. Mais, de tous, le cirque Jean Richard m’a le plus impressionné.
Au moment du spectacle des fauves, juste après l’entracte, le dompteur entamait son spectacle, lorsqu’un spectateur, pas loin de ma rangée cria « Chiqué ! C’est chiqué ! Ces bêtes sont endormies ! » Emoi dans la salle et puis le maître de cérémonie, Albert Préjean (pilote de guerre, acteur…) força le râleur à entrer dans la cage pour « montrer ce qu’il savait faire ». Je m’accrochais au bras de mon grand-père en disant « mais il est fou, il va se faire manger ! » Et finalement, l’homme fit une démonstration magistrale avec les fauves. C’était Jean Richard lui-même !
L’amour du cirque ne m’a jamais quitté, même dans des villages (comme Rochehaut) avec des tout petits cirques familiaux. Mon père m’avait offert un jour un train électrique (Trix Express pour les connaisseurs), mais après trois tours de rails, il ne m’intéressait plus. Mon plus beau cadeau a été le début de ma collection des véhicules du cirque Chipperfield réalisés par Corgi Toys : un véhicule pour les chevaux, un autre pour l’éléphant ou les fauves, une grue, le camion pour la girafe, le véhicule avec la caisse, la Land avec les haut-parleurs, j’en passe. J’ai aussi eu des véhicules Pinder (repris par Jean Richard en 1971). Mais ça prenait de la place sur la commode…
Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de cirques et plus de fauves du tout. On m’a dit qu’Alexandre Bouglione utilise des hologrammes. Il faudra que j’aille vois ça. Une récente expérience – une dizaine d’années quand même – m’a laissé un goût amer. Les numéros séparés par des publicités et une ambiance plus mercantile. La visite de la ménagerie n’était plus gratuite, même l’odeur des écuries se paye. Je suppose que les directeurs et artistes savent qu’ils n’ont pas trop le choix.
Mais le plus triste est que les jeunes (je ne parle pas des tout petits) ne s’intéressent plus à ces spectacles… quoi ? « du siècle dernier » ? J’interrogeais l’un d’eux qui me disait : « Pourquoi veux-tu qu’on se déplace ; on a tout en vidéo et même en replay. » C’est sûr, je vieillis.
Carabistouilles
Il y a un jeu qu’affectionnent les journalistes, c’est d’aller placer dans leurs articles des mots peu connus (on appelle ça des « carabistouilles »). Parfois, c’est pour montrer leur érudition (toute relative), mais parfois, c’est par défi. Bien entendu, la règle consiste à placer les mots dans un contexte plausible. Je ne suis pas trop mauvais à ce jeu, mais je détecte aussi vite les mots qui n’auraient pas dû se trouver là. Le dernier en date est « capillotracté ». Bon, les souvenirs de mes cours de latin m’indiquent bien que cela veut dire « tiré par les cheveux », mais je trouve quand même qu’un journaliste doit rendre la lecture de son texte aisée et ne pas obliger ses lecteurs à recourir au dictionnaire.
Sempé
J’ai lu un chouette bouquin du dessinateur Sempé qui s’appelle « Sincères Amitiés ». Il mélange ses dessins toujours délicieux et, exceptionnellement, une interview basée uniquement sur le sens de l’amitié. Un vrai délice. Et il pose la question qui n’est pas capillotractée : «’’Sincères amitiés’’, c’est un oxymore ou un pléonasme ? » A vos dictionnaires !
Vive les écolos !
Grâce aux actions écologiques du style de celles qui protègent les loups et les ours qui bouffent tous les cheptels, tuer une corneille ou un renard est interdit en Belgique. Du coup, les corneilles viennent piller les élevages d’escargots et notamment les « petits gris » de la région de Namur (les meilleurs !) en trouvant l’astuce pour pénétrer des enclos protégés. Quant aux renards, ils font des razzias dans les poulaillers. C’est simple, un renard a emporté toutes mes poules anglaises (elles nichent dans les arbres, ce qui les rend encore plus vulnérables). Alors, j’ai renoncé à me battre (c’est comme avec les castors qui ont détruit ma rivière) et maintenant je mange des œufs de poules élevées en batteries. Bravo et merci, les écolos !
La citation de la fin
« J’ai un TOC (trouble obsessionnel compulsif) : dès que je vois un feu rouge, je m’arrête. Tous les cyclistes me dépassent alors. Je dois être très malade et j’espère que ça se soigne. » (Eve Hidaman)
Une petite dernière ?
(Dans notre dernière édition, il manquait la chute…)
– Il paraît que tu as été viré ?
– Oui, mais ne t’inquiète pas, le patron me reprendra sans doute en août !
– Ah ? Il te l’a dit ?
– Oui. Il m’a dit : « Vous, quand je vous reprendrai, il fera chaud ! »