Pour l’amour d’un fils
J’ai passé mes vacances 1972 (j’avais 18 ans) chez mon père en Espagne. A l’époque, son voisin était un Anversois taillé comme Petit Jérôme (pour ceux qui connaissent Bob et Bobette), avec bagues, gourmettes et colliers bien rutilants. Le « mac », quoi ! Sa femme, hyper-maquillée avait dû travailler pour lui car il avait quelques bars dans la région du port d’Anvers et parfois je me suis demandé s’il n’avait pas établi des succursales à la Costa del Sol. Plus tard, il me dira que non car il vaut mieux garder ses prés carrés sans titiller la concurrence. Mais il devait quand même connaître du monde entre Marbella et Estepona.
Un jour, il me dit que son fils de 10 ans qui vit avec sa mère à Bruxelles, vient le rejoindre et qu’il a des examens de passage en calcul, en français et en géographie. Il me demande si je ne peux pas lui enseigner la matière d’examen. Il me dit aussi ce qu’il compte me payer de l’heure. C’était une (très) belle somme. Le pitchoun arrive, un petit bonhomme blond aux yeux bleus et tout timide. « Voilà, dit son père, c’est ton prof ! Il viendra tous les jours à dix heures et te donnera deux heures de cours. » Pauvre gosse qui se voyait déjà dans la piscine de Papa.
Pendant six semaines, jusque fin août, je l’ai fait répéter et puis il est retourné en Belgique (moi, je suis resté jusque fin septembre, début des cours à l’université). Quinze jours plus tard, mon voisin m’appelle. Je vais chez lui et il me dit : « Je ne sais pas si tu veux devenir prof, mais tu as des dons pour ça ! Il a eu plus de 80% dans les trois matières. Je suis hyper-fier ! Alors, j’ai décidé de doubler ton salaire, tu en auras bien besoin à l’univ ! » Et d’ajouter : « Et ce soir, on va sortir entre hommes ; tu en verras des femmes ! »
C’était mémorable, en effet, mais ce que j’ai surtout retenu, c’était l’émotion de ce roi des boîtes à filles d’Anvers, au bord des larmes en parlant de son fils et de sa réussite. « Toi, désormais, tu peux me demander ce que tu veux ! », avait-il conclu. Mais je ne l’ai plus jamais revu.
La citation du début
« Qui prête aux pauvres, prête à rire. » (Ahmed Sultiche)
Ne les abandonnez pas !
Pendant la pandémie, nombreux sont ceux qui leur ont ouvert leurs portes et parfois avec des petits. Mais maintenant que l’été arrive avec des vacances presque comme avant, que faire d’eux ? Bien sûr, on le répète souvent, mais nous voulons apporter notre pierre à l’édifice car le risque de les voir attachés à un arbre est grand et c’est un spectacle toujours désolant. Alors, s’il vous plaît, cet été, n’abandonnez pas vos Ukrainiens !
Stéphane Ravacley
Au Festival de Cannes, Luc Dardenne qui multiplie les récompenses avec son frère Jean-Pierre, a dédié son prix du 75e Anniversaire à un boulanger de Besançon qui avait fait la grève de la faim pendant douze jours pour que son apprenti guinéen ne soit pas expulsé. Stéphane Ravacley, c’est son nom, avait obtenu gain de cause. J’apprends qu’il s’est présenté aux législatives en France.
Pour les profs
La saison des examens est proche, y compris dans les écoles de tourisme. Voilà une bonne question pour les étudiants : qu’est-ce que le putonghua ? Une spécialité culinaire cambodgienne ? Un art martial à Wotje, dans le Pacifique ? Le nom commun des toilettes de Hanoï ? Non ! C’est la langue chinoise officielle, dérivée du mandarin, que l’on parle à Pékin !
La citation de la fin
« J’ai pris un anti-dépresseur à la place d’un anti-douleur. Du coup, j’ai toujours mal, mais je m’en fous » (Philippe Darquennes)
Une petite dernière ?
– Il paraît que tu as été viré ?
– Oui, mais ne t’inquiète pas, le patron me reprendra sans doute en août !
– Ah ? Il te l’a dit ?
