Est-ce qu’un perruquier se sent fautif ? Bien sûr que non. De même, est-ce qu’un vieux devrait se sentir coupable ? Évidemment non ! C’est pourtant un phénomène sociétal qui, comme l’obésité, prend de l’ampleur. Hier matin, je lisais encore dans un journal la déclaration d’un footballeur professionnel: « Il y a un an, je boitais comme un vieux de 40 ans ». Preuve que la notion de vieillesse est très relative ; preuve aussi que les footballeurs utilisent plus leurs pieds que leur cerveau. (C’est un gros cliché, mais j’aime ça !)
Mais revenons aux barrières que la société actuelle place sur la route des personnes plus âgées. J’ai toujours cru naïvement que le socialisme (le vrai, pas celui des partis) consistait à défendre les plus faibles de la société, dont les personnes âgées font partie. Mais voilà qu’on les oblige à rouler à vélo en ville, au milieu du trafic ! Avec la pluie sur leurs cheveux roses. Notez que le trafic étant à l’arrêt, le danger n’est pas tellement grand. Mais avec les sacs pleins des courses du jour et des cadeaux de Noël, reconnaissons que ce n’est pas évident.
Les courses, justement, parlons-en
Faire la queue à la caisse derrière un vieux (et surtout une vieille, allons-y pour le sexisme), c’est vraiment pénible. D’accord, ils sont un peu lents pour ranger méthodiquement leurs courses dans leur cabas ; mais le pire, c’est au moment de payer. Ne parlons pas des cartes, surtout celles sans contact, ils ne savent pas les utiliser.
Alors, s’ils sont Français, ils sortent le chéquier, cherchent leur stylo, remplissent les lignes de leur écriture calligraphiée, détachent le chèque, soufflent un peu pour que l’encre sèchent, et enfin demandent à la caissière (ou au caissier) si c’est en ordre. Et puis aussi comment va la cousine qui a été opérée. Et vous qui suivez, vous attendez.
S’il s’agit d’une Belge (je ne sais pas pourquoi, mais c’est vraiment l’apanage des femmes), quand tout est rangé dans le sac des courses, elles ouvrent leur sac à main, cherchent leur porte-monnaie qui est toujours coincé entre le poudrier et l’étui à lunettes, ouvrent le dit porte-monnaie, se renseignent une deuxième fois sur le prix à payer au cas où il aurait changé entre temps, et se mettent à sortir les pièces une à une, en commençant par les rouges, puis les jaunes, pour finalement, devant l’évidence du prix, sortir les plus grosses pièces, voire même un billet. Enfin elles demandent à la caissière (ou au caissier) si c’est en ordre. Et puis aussi comment va la cousine qui a été opérée. Et vous qui suivez, vous attendez.
Et puis, il y a internet
Il faut s’inscrire pour obtenir un rendez-vous vaccin, pour avoir le Covid Safe Ticket, etc. Mais quand on n’a pas d’ordinateur, on fait comment ? Et même quand on a celui des petits-enfants, on fait comment ? Heureusement, il y a le smartphone ! Tout y est. Mais quand on n’a pas de smartphone ou alors un modèle « vintage » (n’est-ce pas P. ?), on fait comment ? C’est à se demander si cette attaque contre les vieux n’est pas une vengeance de la génération actuelle au pouvoir : elle voudrait se venger du monde que les vieux leur ont légué.
Il ne faudrait pourtant pas oublier l’essentiel. Depuis la fin de la 2e guerre mondiale, nous n’avons (chez nous) plus connu de guerre, nous avons pu découvrir le monde entier à moindre coût, nous avons tous la télé ou le ciné pour remplacer les kiosques des villages, nous avons la cuisine du monde, les téléphones portables, les voitures électriques, les GPS, les vaccins, les pneus hiver, les cartes de réduction, et j’en passe.
Et qui c’est qui a inventé tout ça ? La génération précédente, c’est-à-dire celle des vieux. Alors, les gars, si ça ne vous plaît pas de faire un tout petit peu de place à vos anciens, commencez par arrêter d’utiliser tout ça, et inventez d’autres solutions, mais RESPECTEZ VOS ANCIENS ! Merci.