La nouvelle exposition du Louvre Abu Dhabi explore le rêve partagé d’un langage universel à travers des chefs d’œuvre de l’abstraction.
Le Louvre Abu Dhabi inaugure l’année 2021 avec l’exposition Abstraction et calligraphie – Voies d’un langage universel, qui se tiendra du 17 février au 12 juin. Consacrée aux artistes de l’abstraction, elle s’inscrit dans le thème des échanges et des influences partagées entre l’Orient et l’Occident, qui guide la troisième saison du musée. Cette exposition d’envergure internationale est la deuxième collaboration majeure entre le Louvre Abu Dhabi et le Centre Pompidou.
Sponsorisée par Montblanc, une maison qui a révolutionné l’histoire de l’écriture avec son artisanat innovant et haut de gamme, elle montre l’émergence, au 20ème siècle, d’un nouveau langage visuel, qui mêle le texte et l’image, et s’inspire de formes plus anciennes d’écriture, et en particulier de la calligraphie.
L’exposition rassemble 101 œuvres d’art prêtées par 16 institutions partenaires, ainsi que sept pièces de la collection permanente du Louvre Abu Dhabi. Les visiteurs pourront également découvrir deux installations monumentales réalisées pour l’occasion par des artistes contemporains dont la démarche résonne avec les thèmes abordés par l’exposition.
Organisée en quatre sections thématiques, l’exposition met en évidence la richesse des échanges culturels à partir du début du 20ème siècle. Elle raconte comment les mouvements de l’abstraction se sont inspirés d’une multitude de signes et de symboles, de philosophies et de techniques artistiques qui ont fleuri loin des capitales européennes et américaines.
Des artistes tels que Paul Klee, André Masson, Vassily Kandinsky, Cy Twombly, Lee Krasner et Jackson Pollock ont cherché un nouveau langage universel pour exprimer leurs émotions au sein d’une société en pleine mutation, rompant avec les conventions de la figuration. Des influences similaires ont marqué la pratique de Dia Azzawi, Anwar Jalal Shemza, Ghada Amer, Shirazeh Houshiary et Mona Hatoum, également présentés dans l’exposition.
Cette quête de nouvelles formes visuelles se poursuit aujourd’hui, avec des artistes contemporains tels que eL Seed et Sanki King, qui ont réalisé deux installations monumentales pour cette exposition.
Créée en collaboration avec le Centre Pompidou et France Muséums, l’exposition Abstraction et calligraphie – Voies d’un langage universel a été imaginée par Didier Ottinger, directeur adjoint de la programmation culturelle au Musée National d’Art Moderne – Centre de Création Industrielle (MNAM-CCI), assisté de Marie Sarré, attachée de conservation au service des collections modernes du Centre Pompidou.
Les œuvres en prêt viennent du Centre Pompidou (Paris), du musée du Louvre (Paris), du Centre national des arts plastiques (Paris), de l’Administration Jean Matisse (Paris), de la galerie Jacques Bailly (Paris), de la galerie Jeanne Bucher Jaeger (Paris), du musée municipal de St-Germain-Laval, du musée des Beaux-Arts de Grenoble, de la Fondation Pollock-Krasner (New York), de la Fondation Adolph et Esther Gottlieb (New York), de la galerie Michael Werner (Märkisch Wilmersdorf, Treddin), de la galerie McKee (New York) du Studio Mona Hatoum (Londres), de Noirmontartproduction (Paris), et du Studio eL Seed (Dubaï). L’exposition proposera également des œuvres du Guggenheim Abu Dhabi.
La première partie de l’exposition est consacrée aux pictogrammes, des images figuratives symboliques qui représentaient des mots et des idées sous forme graphique dans les anciennes civilisations de Mésopotamie et d’Égypte. Parmi les œuvres exposées, se trouve une peinture de l’artiste suisse d’origine allemande, Paul Klee.
Sa pratique, qui combine des éléments visuels et écrits, s’est nourrie de ses voyages en Tunisie et de sa fascination pour les hiéroglyphes égyptiens. Klee a à son tour influencé l’artiste espagnol Joaquín Torres-García, l’artiste irakien Dia Al-Azzawi et l’artiste pakistanais Anwar Jalal Shemza. Cette section présente également des œuvres du peintre et sculpteur américain Adolph Gottlieb, qui s’est inspiré de l’art amérindien, et du peintre français André Masson, qui a puisé dans les inscriptions figuratives de l’Inde du 17ème siècle et la calligraphie arabe.
Poursuivant le fil de l’histoire de l’écriture, la deuxième partie de l’exposition s’intéresse aux signes, dont la forme peut exprimer à elle seule des idées universelles. Les visiteurs y découvriront les études de signes de l’artiste russe Vassily Kandinsky, considéré comme un des inventeurs de l’abstraction.
Dans un acte de résistance au monde occidental ravagé par la guerre, beaucoup d’artistes se sont tournés vers le Japon et la Chine pour trouver l’inspiration. Les signes tracés par la peintre franco-hongroise Judit Reigl et le peintre franco-allemand Hans Hartung font ainsi écho aux symboles utilisés par les calligraphes chinois et japonais.
L’exposition présente également des œuvres de deux artistes français : Georges Mathieu, qui a cherché à développer un geste vif et lyrique, et Julius Bissier, influencé par la philosophie chinoise du taoïsme. Le travail de Mona Hatoum, qui a entrepris de créer un nouvel alphabet de signes avec des objets trouvés, sera également visible dans cette deuxième partie d’exposition.
La troisième partie de l’exposition est dédiée aux linéaments. Elle montre comment les artistes occidentaux se sont approprié l’énergie de la calligraphie orientale et l’ont intégrée à leurs pinceaux pour produire des lignes fluides et déliées.
S’opposant à la tendance artistique occidentale, le mouvement surréaliste inventa une technique de dessin qualifiée d’Automatisme, qui cherchait à traduire les soubresauts du subconscient. C’était leur manière de répondre à la période tumultueuse de l’entre-deux-guerres. Cette section expose les œuvres du surréaliste André Masson, et de ceux qu’il a influencé, de Jackson Pollock à Philip Guston en passant par Willem de Kooning.
Les visiteurs pourront contempler des travaux de Jean Dubuffet, inventeur du concept d’Art brut, inspirés par les graffitis, la peinture rupestre et les dessins d’enfants. Les études de Cy Twombly pour les rideaux de scène de l’Opéra Bastille de Paris sont également présentées dans cette section, aux côtés de travaux de Lee Krasner; ces artistes furent tous deux influencés par les écritures coufiques de la ville irakienne de Koufa, berceau de la calligraphie arabe.
La dernière partie de l’exposition s’intéresse à la manière dont les artistes d’Orient et d’Occident ont incorporé la calligraphie à leurs pratiques. Le peintre espagnol Joan Miró ouvrit la voie en s’intéressant aux liens étroits entre peinture et poésie en Orient. Les poètes Brion Gysin, Henri Michaux et Christian Dotremont lui emboîtèrent le pas en peignant la poésie, inspirés par leurs voyages respectifs en Afrique du nord, en Chine et en Laponie.
Leurs œuvres côtoient les études réalisées par Henri Matisse pour son livre illustré, Jazz, qu’il appelait “arabesques” en hommage à l’écriture arabe. Les visiteurs découvriront aussi comment des artistes régionaux, dont Shakir Hassan Al Said et Sliman Mansour, ont tenté de libérer la calligraphie de sa fonction purement linguistique. Deux installations monumentales originales réalisées par l’artiste franco-tunisien eL Seed et le graffeur pakistanais Sanki King structurent le parcours de l’exposition.