« Non, taxer les plus riches ne fera pas baisser la croissance »

Le FMI, le fonds monétaire international qui n’est pas réputé être de gauche, préconise d’augmenter les impôts sur les plus riches pour réduire les inégalités. Le FMI précise même que cela ne fera pas baisser la croissance contrairement à ce que l’on répète depuis 40 ans.

L’information économique la plus étonnante de la semaine dernière est presque passée inaperçue, et pourtant, elle remet en cause 40 ans de doctrine ultra-libérale. En fait, le FMI a prouvé – études empiriques à l’appui – que taxer les plus riches peut non seulement diminuer les inégalités, mais en plus, cela ne fait pas baisser la croissance. Quand les économistes du FMI parlent des riches, ils ne parlent pas de gens aisés, mais bien du 1% de la population qui bien souvent s’accapare 70% du patrimoine financier global.

Cette information est en soi un choc, parce que depuis 40 ans, et notamment depuis Margaret Thatcher et Ronald Reagan, la plupart des gouvernements ont intégré le fait que taxer les plus riches est dangereux. Dangereux, car cela freinerait l’innovation, cela freinerait l’entrepreneurship et qu’en plus cela favoriserait l’émigration des plus doués. En plus, tout le monde paraissait convaincu de la théorie du ruissellement : en clair, si les riches sont plus riches, le reste de la population en bénéficiera. Au fond, c’est ce que disait Lao tseu d’une autre manière : « Quand les gros sont maigres, il y a longtemps que les maigres sont morts. » Eh bien, non, tout cela est faux – et ce n’est pas le PTB ou le PS qui le dit, mais bien le FMI, une institution indépendante et qui a souvent été critiquée pour ses remèdes de cheval jugés trop libéraux.

« Trop pauvre pour les niches fiscales, trop riche pour les exonérations, la classe moyenne a servi de variable d’ajustement »

En fait, ce qui étonne, c’est l’étonnement de cette étude. S’il y avait un lien entre la faible taxation et la croissance économique, cela se saurait. Or, aucune étude ne démontre une corrélation positive entre les pays qui taxent faiblement les gens les plus riches (le fameux 1% de la population) et la croissance économique. Mais comme toujours le diable se niche dans les détails. C’est quoi un riche ?

Si c’est, comme le pensait François Hollande, quelqu’un qui gagne plus de 4.000 euros par mois, alors, on est mal parti. Le gouvernement qui voudrait le faire terminerait comme le Vénézuéla, sans le sou et avec une population malheureuse. Car l’étude du FMI est nuancée. Elle dit que si on veut réduire les inégalités, il ne faut pas avoir peur de taxer davantage les plus riches. Et quand ils disent riches, c’est vraiment les gens très riches qui ont plusieurs dizaines de millions d’euros en patrimoine. Mais là aussi, ils précisent qu’il n’est pas question d’arriver à des taux confiscatoires de 85% comme c’était le cas en Grande-Bretagne dans les années 70 avant l’arrivée de Margaret Thatcher. Non, il s’agit simplement de rendre l’impôt plus progressif qu’il ne l’est aujourd’hui.

Or, justement, au cours des 30 dernières années, la progressivité a diminué partout dans les pays occidentaux. Qui sont les victimes de cette montée des inégalités? Je vous le donne en mille, c’est la classe moyenne. Trop pauvre pour bénéficier des niches fiscales, et trop riche pour bénéficier des exonérations. C’est au final la classe moyenne qui a servi de variable d’ajustement pour les gouvernements successifs. Le sentiment de déclassement social, il ne faut pas le chercher plus loin

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