Pour le format NDC (pour New distribution capability), on parle volontiers de marronier, de serpent de mer, d’arlésienne… La norme a en effet été lancée en 2012 par IATA. Mais ce standard informatique de distribution du contenu aérien par les compagnies a tardé à s’imposer, rencontrant de nombreuses résistances des agences évoquant une perte de productivité.
La solution NDC a-t-elle suffisamment évoluée, ces dernières années, pour répondre désormais aux besoins des agences de voyages, traditionnelles, online ou dédiées aux voyage d’affaires ? Et quels sont aujourd’hui les avantages et les inconvénients de cette nouvelle norme ?
Deux conférences portaient sur NDC, la semaine dernière, lors du salon professionnel du tourisme IFTM Top Résa à Paris, l’une intitulée « NDC : enfin live ! », l’autre “NDC, concrètement ça change quoi pour les agences ?”.
Comme l’a souligné Delphine Barault, directrice des ventes entreprises chez Air France, présente sur les deux conférences, “le client trouve des tarifs moins chers en direct sur le site Air France. NDC offre l’opportunité de proposer aux agences le même contenu que sur notre site. Elles peuvent ainsi avoir accès à tout notre contenu, dont les promotions et les tarifs light”. Et les AGV accédent à davantage de classes de réservations que les 26 actuelles, “ce qui nous met au diapason des low-costs”, a-t-elle ajouté.
Aux réductions des tarifs s’ajoutent bien sûr d’autres avantages, et d’abord un contenu basé sur le protocole XML, plus détaillé sur le passager, son historique et ses besoins spécifiques, et permettant d’assembler une offre aérienne et terrestre. Sans oublier, bien sûr, la possibilité pour les compagnies de réaliser quelques économies au passage… Et Air France, comme les autres transporteurs, de vanter d’autant plus les vertus de NDC qu’elle entend pousser à son adoption en mettant en place un malus pour ceux qui préfèrent encore passer par le bon viel Edifact (la norme utilisée jusqu’à présent), à compter du 1er janvier 2024, soit une “surcharge GDS” de 21 euros par segment.
Or, pour Valérie Jacomino Munoz, directrice d’exploitation chez Centrale Voyages & Events, un petit réseau de neuf agences de voyages, réalisant plus des deux tiers de son activité sur le voyage d’affaires, NDC peine à s’imposer, ne pesant chez eux que “6% dans le voyage d’affaires et 20% dans le loisir”. “Nous avons conduit le changement en interne. Mais on s’est retrouvé à mettre un quart d’heure pour émettre un billet contre 2 minutes avec Edifact. Résultat, des vendeurs formé à NDC sont souvent revenus à Edifact (…). Nos agents ne sont pas fermés au changement. Certes le nouveau standard ne bloque pas tout le temps, mais il est clairement un frein”.
Yorick Charveriat, le vice-président et directeur général France d’American Express Global Business Travel, dans une interview à L’Echo Touristique, confirmait l’an dernier la perte « abyssale » de productivité induite par NDC, estimant d’après une étude interne qu’un dossier avec le nouveau format requierait 67% de temps de traitement supplémentaire.
L’autre sujet est bien souvent l’après-vente (annulations, changements de l’heure de départ…). « On est sur de la dentelle, avec les exigences du voyage d’affaires. On a un service Teams de 63 personnes dédiés au NDC qui règlent gratuitement les questions d’après-vente”, a précisé Delphine Barault (Air France).
Les agences souhaitent par ailleurs avoir une vision globale de l’offre de toutes les compagnies, et éviter d’aller visiter les sites de chacune d’entre elles. Sur ce point, les GDS et les OTA’s n’entendent pas se laisser manger la laine sur le dos. Amadeus rassure ainsi les agences de voyages, indiquant avoir aujourd’hui la capacité de distribuer le contenu de 21 compagnies aériennes sur NDC.
Les spécialistes de la vente de billets d’avions pour les professionnels ne s’en laissent pas compter non plus. “On a formé une équipe dédiée à NDC” a ainsi souligné Charlotte Marcus, directrice générale btob France chez Cockpit Aerticket.
Quid enfin de la connectivité directe ? “L’API Air France fonctionne très bien, avec 15 agrégateurs tels Aerticket et Orchestra”, a précisé Delphine Barault. Mais les niveaux de développement différent selon les agrégageurs. “Depuis 12 à 24 mois, il y a un vrai décollage« , note pour sa part Christian Sabbagh, président fondateur de la plateforme de loisirs Orchestra. “NDC compte désormais pour 20% des réservations depuis le début de l’année, contre 1 à 2% il y a deux ans (…) Et on devait passer à une migration complète dans les 24 mois”.
Pour les compagnies aériennes, les enjeux sont trop importants pour que la norme ne s’impose pas rapidement. Et les OTA’s l’ont bien compris, représentant une part plus importante de réservations via NDC que celle des agences de voyages. Pour ces dernières, les trois quart des ventes indirectes passent encore par Edifact. Mais la pression est de plus en plus forte…