Muslim Ban: quand les Etats-Unis remontent 100 ans en arrière

On dit parfois que l’histoire bégaye ou qu’elle a tendance à se répéter. On ne croit pas si bien dire. Prenez le cas de l’interdiction faite aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane de venir sur le sol américain.

Cette mesure a choqué une partie de l’opinion publique et a suscité pas mal de controverses aux États-Unis même y compris au sein du camp républicain. Et pourtant, l’histoire nous enseigne hélas que ce n’est pas nouveau comme démarche.

Si on fait un retour 100 ans en arrière, comme l’ont fait Les Echos, on découvrira la loi du 5 février 1917 qui interdisait l’accès aux États-Unis à toute une série de personnes. A l’époque, le Congrès a en effet voulu interdire l’accès à tous les Asiatiques à l’exception des Japonais et des Philippins.

Pire encore, cette loi de 1917 dressait une liste ambiguë et souvent absurde de personnes indésirables. Alors, sans être complet, je vous cite : sont interdits du territoire américain, les idiots, les imbéciles, les faibles d’esprit, les épileptiques, et les déments.

Et comme si cela ne suffisait pas, la même loi de 1917 interdisait aussi l’accès au sol américain des personnes de constitution faible, les alcooliques, les indigents, les mendiants de profession, les vagabonds, les personnes atteintes de tuberculose et plus subtile encore, les personnes non comprises dans les catégories ci-dessus mais, qui après examen, seront reconnues incapables moralement et physiquement de gagner leur vie. La liste continue avec l’interdiction faite aux polygames de venir sur le sol américain, ce qui n’a pas dû faire plaisir aux mormons.

Quant aux prostituées, elles sont également interdites de séjour tout comme les personnes dont les billets de passage ont été payés par des tiers.

« Quand je vous dis que l’histoire bégaye, je n’exagère pas. Pensez à la volonté du gouvernement régional flamand de s’assurer une bonne connaissance du néerlandais pour les immigrés ou demandeurs d’asile »

En résumé, vous l’avez compris, avec ce genre de liste, les Etats-Unis pouvaient refouler de leur territoire à peu près n’importe qui sous n’importe quel prétexte. C’est nettement plus dur comme attitude que celle de Trump aujourd’hui même s’il ne s’agit pas de dédouaner la politique du président américain. Quand je vous dis que l’histoire bégaye, je n’exagère pas. Pensez à la volonté du gouvernement régional flamand de s’assurer une bonne connaissance du néerlandais pour les immigrés ou demandeurs d’asile.

Mes confrères des Echos nous rappellent que la loi du 5 février 1917 imposait à toute nouvelle personne qui voulait s’installer aux États-Unis, un test d’alphabétisation en langue maternelle et un test en langue anglaise.

A l’époque le président Woodrow Wilson a voulu s’opposer à cette loi, contraire selon lui aux « valeurs américaines ». Après tout, un homme illettré par exemple ne prouve pas qu’il n’est pas capable mais simplement qu’il n’a pas eu l’occasion de développer ses capacités. Mais le Congrès n’a rien voulu entendre, car en 1917 l’engagement des États-Unis dans la Première Guerre Mondiale était imminent.

« La crainte du « péril jaune » et d’une « marée de main-d’œuvre en turbans » venant de Chine, du Japon et de l’Inde faisait craindre une concurrence déloyale des ouvriers américains » ajoutent Les Echos. Tout ou presque est identique aux craintes d’aujourd’hui. Sauf, et j’espère que la différence restera, à l’époque nous étions en pleine Première Guerre Mondiale, espérons que l’histoire ne bégayera pas pour cette partie-là.

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