Avec les huit navires dont il vient d’annoncer la construction, l’armateur MSC Cruises veut mettre l’accent sur les aspects environnementaux et, notamment, atteindre et même dépasser les objectifs préconisés par l’Organisation Maritime Internationale pour 2030, voire 2050. D’où, en dehors du GNL et de la pile à gaz, des projets sur des énergies vertes, dont la propulsion vélique mais aussi probablement l’hydrogène.
Une dizaine de sociétés dans le monde assurent plus des deux tiers du trafic maritime. MSC Cruises, par exemple, est filiale à 100 % de Mediterranean Shipping Company, troisième armateur mondial, mais son chiffre d’affaires n’atteint pas 5 % de celui de sa maison-mère. Autant dire que, aussi considérables qu’ils puissent être, les efforts de MSC Cruises pour « se mettre au vert » resteront… une goutte d’eau dans la mer.
Nouveaux carburants, nouvelles flottes
Une étude, publiée lundi 20 janvier, estime en effet qu’il faudrait 1.000 milliards de dollars (soit plus de 900 Mds €) d’investissements dans le développement de nouvelles technologies pour remplir les objectifs de l’OMI de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
L’étude a été menée par l’UMAS (University maritime advisory services), qui regroupe l’University College de Londres (UCL) et l’Energy transitions commission (ETC, un panel d’experts).
Les chercheurs estiment qu’il faudrait investir 40 à 60 milliards de dollars, chaque année, entre 2030 et 2050, pour atteindre les objectifs de 50 % de réduction par rapport aux niveaux de 2008.
À quoi il faudrait encore ajouter 400 milliards pour décarboner complètement l’industrie en 20 ans, soit 1.2 à 1.6 billion de dollars au total. De tels investissements permettraient, selon l’étude, de développer la production de nouveaux carburants, des chaînes d’approvisionnement et d’une nouvelle flotte ou de navires convertis.
87 % pour les carburants verts
De ces investissements, 87% devraient concerner des infrastructures à terre pour produire ou stocker les carburants verts.
Le reste concerne directement les navires avec l’évolution nécessaire des machines et des moyens de stockage à bord.
Ces estimations privilégient le développement de l’ammoniac comme carburant, mais d’autres hypothèses envisagent l’hydrogène, le méthanol ou d’autres combustibles, ce qui ne modifie pas beaucoup les projections, selon les chercheurs
Pour rappel, les principales organisations du transport maritime ont récemment proposé de créer un fonds de 5 milliards de dollars sur 10 ans, en prélevant 2 dollars à la tonne de carburant. Objectif : financer de la R&D pour permettre la décarbonation du shipping.
Enfin, 2050, c’est aussi la date-butoir fixée par la Commission Européenne pour une Europe climatiquement neutre.
Mais il faudra sans doute encore des années supplémentaires pour retirer des diverses flottes les vieux chalutiers et cargos qui sont les plus pollueurs de la surface des mers.
Une chose est sûre : l’industrie de la décarbonisation, elle, va générer beaucoup d’argent au cours de ces trente prochaines années.
[Source : Mer & Marine]