La société Microsoft a dépassé la barre des 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Amid Faljaoui, notre chroniqueur, nous explique la signification de cet exploit.
Microsoft vaut aujourd’hui 1.000 milliards de dollars. Cette barre symbolique a été franchie la semaine dernière à la Bourse de New York.
Comme les derniers résultats trimestriels de Microsoft étaient meilleurs que prévus, l’action Microsoft a bondi de 5% et a donc permis de franchir ce cap des 1000 milliards de dollars. C’est la troisième société américaine à franchir ce cap en moins d’un an.
L’été dernier, Apple a été la première firme privée à dépasser le cap des 1.000 milliards de dollars, et le 4 septembre dernier, c’était au tour d’Amazon. Depuis quelques jours c’est donc Microsoft. Bien entendu, le dépassement de cette barre des 1.000 milliards de dollars peut aussi être momentanée, c’est le cas pour Apple et Amazon qui sont maintenant retombés juste en-dessous de cette barre, mais ils n’en sont pas loin non plus, il suffirait d’un moment d’euphorie boursière pour qu’ils dépassent à nouveau cette barre des 1000 milliards de dollars.
Le chiffre est tellement énorme qu’il est souvent difficile de se le représenter. Alors, juste pour vous donner une idée, 1.000 milliards de dollars, un trillion comme disent les Américains, c’est deux fois plus que le PIB de la Belgique. Et c’est l’équivalent d’un centième du PIB mondial.
« Les GAFAM -c’est-à-dire Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft- sont devenus plus que des entreprises : à ce niveau de richesse, ils ont autant, voire plus de pouvoir qu’un État »
Sur le plan boursier, celui ou celle qui a eu le nez fin et qui aurait investi 1000 dollars dans l’action Microsoft, il y a dix ans, aurait vu son action passer de 1000 dollars à 8000 dollars, soit un gain de 700% !
Tous ces chiffres font réfléchir, ils montrent que les GAFAM -c’est-à-dire Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft- sont devenus plus que des entreprises : à ce niveau de richesse, ils ont autant de pouvoir, voire plus qu’un État.
Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’un pays aussi civilisé que le Danemark s’est cru obligé de nommer un ambassadeur auprès de ce club des 5. Je rappelle que les deux A du GAFAM, le A de Apple et le A de Amazon, cumulent une valeur boursière égale au PIB de la France. Et si on prend la capitalisation boursière de ces 5 sociétés technologiques, elles pèsent à elles 5 plus que l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris. Autrement dit, 5 sociétés technologiques pèsent plus que les plus grandes 40 sociétés cotées à la Bourse de Paris.
Même aux États-Unis, le débat est virulent au sein des candidats démocrates pour la prochaine élection présidentielle pour savoir comment réguler la puissance de ces GAFAM. Les politiques américains ont aussi compris que le pouvoir est en train de passer de Washington vers la Silicon Valley. Il n’y a qu’à voir comment des dizaines de villes se sont littéralement prostituées pour avoir la chance d’accueillir sur leur sol le deuxième quartier général d’Amazon : elles étaient prêtes à tout faire, tout donner pour avoir les emplois liés à ce deuxième quartier général.
Mais ce qui est étonnant, c’est que du côté des GAFAM, on ne voit pas les choses de la même manière. Au contraire, les patrons de ces entreprises ont tous la hantise de disparaitre du jour au lendemain. Un seul exemple, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, estime même que son entreprise mourra un jour et qu’elle tombera en faillite : il l’a dit un jour devant ses employés en ajoutant même que leur rôle consistait à faire que ce soit le plus tard possible.