La course à la présidentielle française a fait au moins neuf déçus et deux heureux. Normal, il y avait onze candidats officiels. Les deux heureux sont bien sûr les élus pour le second tour. En revanche, que faut-il penser des neuf autres candidats éliminés de la course ?
A priori, ce sont neuf perdants qui doivent aujourd’hui digérer leur échec. Les meilleurs d’entre eux vont se questionner et se remettre en cause. Et les autres accuseront le coup ou ne décoléreront pas d’avoir échoué ! Pourtant l’échec a aussi des vertus, c’est d’ailleurs le titre de l’essai publié par le philosophe Charles Pépin (1) et qui a beaucoup de succès en librairie.
Échouer aurait-il donc un côté positif ? Y aurait-il un effet bienfaiteur dans le fait de se prendre une gamelle ? La réponse est mille fois oui, répond le philosophe Charles Pépin, pour qui l’échec peut être au moins aussi vertueux que la réussite. Mieux, selon lui, les deux concepts, a priori contraires, ne le sont pas vraiment. Ils sont même très proches. Tout au long de son livre, il démontre que les hommes politiques, les hommes d’affaires et les autres personnalités qui ont assumé et « pensé » leurs échecs s’en sont retrouvés grandis.
« Si vous n’avez jamais connu l’échec, vous avez raté votre vie »
Mais pour qu’un échec soit vertueux, il faut réunir trois conditions. La première est d’écarter tout déni de cet échec. Est-ce, par exemple, le cas de Jean-Luc Mélenchon ? À voir sa réaction lors de la soirée du premier tour, on peut en douter, car il a aussitôt mis son échec sur le compte des médias… La seconde condition est de bien faire la distinction entre « être un raté » et « avoir raté ». Il ne faut pas s’identifier à cet échec.
Pour Benoît Hamon, par exemple, qui termine avec un score pitoyable pour un candidat socialiste, ce sera important de faire ce distinguo, car s’il n’a plus confiance en lui, il sera incapable de sauver son poste de député lors des prochaines élections législatives. Enfin, le plus important, la troisième condition est de prendre le temps d’interroger cet échec, d’y réfléchir… et c’est souvent là que le bât blesse. L’élite française, nous dit Charles Pépin, a pris la mauvaise habitude de dénier ses échecs. En conséquence de quoi, ils ne changent pas de comportement ni de raisonnement.
En revanche, un Nicolas Sarkozy a fini par comprendre que le monde avait changé et que les citoyens avaient un désir de changement. Raison pour laquelle, il vient à nouveau de déclarer qu’il ne comptait plus revenir en politique, contrairement à ce que laissaient entendre certains médias.
En réalité, le philosophe Charles Pépin a raison d’écrire que les échecs nous font réfléchir et progresser dans notre humanité. Et c’est pour cela que si vous n’avez jamais connu le sentiment d’échec, vous avez en quelque sorte raté votre vie, nous dit-il.
(1) Charles Pépin, les vertus de l’échec, Allary Editions