Ce type d’observatoire permet de découvrir la nature environnante sans déranger les oiseaux.

L’enjeu est devenu national. Avec la création d’un archipel de 7 îlots, les Pays-Bas se sont lancés dans le plus grande opération de restauration de la nature en Europe.

La construction des îles du Marker Wadden a permis l’apparition de rives végétalisées, véritables réservoirs de biodiversité mais elle a également rétabli l’équilibre naturel sous l’eau. Le fond du lac reprend vie, des bancs de moules récupèrent et filtrent les boues les plus fines de l’eau. La chaîne alimentaire des algues et du plancton, des petits animaux aquatiques, des poissons et des oiseaux a pu se renouer. Le lac retrouve sa vitalité.

Le biotope ressuscite ! !

Une petite famille de canards surgit entre les endives de mer.

Dès 2016 les premiers insectes comme les puces d’eau se sont glissés dans les interstices formés par la boue lézardée par le soleil et des oiseaux attirés par la tranquillité des lieux ont choisi d’y nicher à même le sol encore nu, comme les avocettes et les petits gravelots. Les années suivantes, sternes, cormorans, mouettes, spatules et autres canards de montagne, canards de table, canards couronnés, oies bernaches, cygnes ont choisi de s’y poser lors de la migration comme aire d’hivernage ou comme escale. Certains s’y sont même installés. Les endives des marais fleurissent partout et les roselières commencent à former des haies, toutes idéales pour y nicher. D’autant que hormis le busard qui chasse les oisillons à leur naissance, il n’y a aucun animal prédateur sur les îles. Par ailleurs les insectes sont abondants et la vie marine est extrêmement variée. Il semblerait que quelque 200 espèces d’oiseaux aient retrouvé le chemin de ce nouveau monde !

Les avocettes et d’autres espèces d’oiseaux nichent à même le sol.

Les poissons encore présents en petit nombre dans le lac y trouvent des frayères et cette nouvelle nurserie dans les bords et les rifts des îles naturelles est prometteuse pour les stocks de poissons du lac Markenmeer. Certains comme l’éperlan, le gardon, la tanche, l’épinoche et d’autres encore sont aussi une source de nourriture importante pour les oiseaux piscivores.

Le Haveneiland ou l’île du port, la seule accessible aux visiteurs

Le port de l’île principale accueille aussi quelques plaisanciers.

Dès 2016 un port a été aménagé pour permettre la présence jour après jour des architectes, paysagistes, scientifiques et autres petites mains utiles à l’aménagement de l’archipel. Le miracle de cette renaissance créée par l’homme est étudié de près par des universitaires du monde entier ! 3 ans plus tard, les contours de 5 îles apparaissent clairement avec leurs criques et mares, mais aussi leurs dunes et leurs plages. Sur l’île du port reconnue comme l’île principale, des chemins circulaires ont été dessinés en tassant du sable auquel on adjoint des tapis de coquillages écrasés. Des passerelles, des petits ponts et quelques observatoires, tous en bois accompagnent le visiteur qui ne peut pas se perdre dans ce décor du bout du monde.

Le campement construit sur la Haveneiland, le port de l’île.

Un petit campement a été établi pour y recevoir des visiteurs d’un jour ou plus comme par exemple les ornithologues. Le port permet d’accueillir également des voiliers et autres bateaux de plaisance qui toutefois ne trouveront ici aucune alimentation en eau ni en électricité. Le village lui-même est connecté avec les panneaux solaires posés sur les toits des bâtiments, tous en bois du pays : un pavillon d’accueil, un laboratoire, une salle de services, un dortoir, six maisonnettes et un hangar. Les eaux de déchets sont purifiées sur place et servent aux douches et toilettes. L’eau potable est amenée depuis le port de Batavia, sur le continent. Le pavillon tenu par des bénévoles accueille les visiteurs d’un jour avec des boissons et quelques sandwiches ou morceaux de tarte.

Une carte des Marker Wadden et ses 7 îles.

Il semblerait que certains touristes soient à l’origine de l’apparition de plantes inattendues comme de rares tulipes au printemps mais surtout de grenouilles qui ont trouvé leur bonheur dans les marais où elles croassent à qui mieux mieux. Pourtant ce comportement est à déconseiller absolument. Contentons-nous d’observer cette nature depuis les sentiers et les observatoires créés à l’intention des écotouristes sans interférer dans la renaissance de cette vie sauvage !

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

Lire la première partie de notre reportage Marker Waaden, une découverte insolite aux Pays-Bas (1/2)

Pratique

Pour y aller, il faut emprunter un ferry au départ de Bataviastad joignable en bus en 20 minutes depuis Lelystad, chef-lieu de la province du Flevoland. Il faut acheter son billet aller-retour à l’avance sur le site www.natuurmonumenten.nl/natuurgebieden/marker-wadden

Un très beau documentaire à découvrir sur Arte « Les îles de la dernière chance ».

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