Mais dans quel pays vivons-nous ? Il suffit qu’un âne se mette à braire pour que le chœur des ânons lui emboîte les cordes vocales… Car qui pouvait croire à la viabilité d’une ligne régulière entre Charleroi et Hong Kong ? Certes, on aurait bien aimé, mais…
Comment imaginer qu’un parfait inconnu avec un seul avion pourrait être de taille à rivaliser avec les grandes compagnies qui n’ont pas (encore ?) osé s’aventurer sur un marché, certes prometteur, mais aussi sécurisant qu’un parcours de motocross recouvert d’une couche de glace ?
Quelle prétention que de laisser croire qu’on fera mieux que Cathay Pacific et les autres, en vendant les billets encore plus cher ? Pour quelle différence, on vous le demande ? L’histoire ne dit pas si le PDG d’Air Belgium a étudié le marketing. Mais si tel est le cas, il a dû recevoir un bonnet d’âne plutôt qu’un diplôme.
En revanche, l’homme a des relations
Au point d’avoir réussi à obtenir un prêt de 4 M€ de la Sogepa, un fonds public d’investissement liégeois, en novembre dernier. Et, au fait, qui a signé le chèque au lieu d’envoyer Niky Terzakis sur les roses ? Bonne question, non ? Sur laquelle la Justice ferait bien de se pencher. Car c’est, une fois de plus, le contribuable qui va payer l’ardoise d’Air Belgium.
Après la Chine, l’Amérique. Et puis quoi encore ?
En attendant, son service presse assure qu’Air Belgium « vole actuellement pour le compte d’autres compagnies (..) et aura transporté avant la fin de ce mois plus de 200.000 passagers ». Remarquez qu’on n’est encore que le 15, mais soit. Si tel est le cas, eh bien, tant mieux ! Et qu’elle continue ainsi plutôt que de vouloir jouer aux grandes : le monde entier a besoin d’avions et de pilotes.
On nous dit aussi qu’Air Belgium, qui emploierait « 248 équivalents temps plein » (on vérifiera) se prépare à desservir deux destinations en Chine continentale dès cet été au départ de Bruxelles-Charleroi et finalise ses plans à destination du continent américain pour la saison d’hiver 2019 ».
Voilà qui est clair et précis, comme tout le monde l’aura constaté. « Ces nouvelles destinations et projets de développement feront l’objet de communications ultérieures », assure-t-on encore. Mais qui va croire ces bobards, qui ne sont manifestement destinés qu’à rassurer les créanciers de la compagnie ? Ben, les créanciers, tiens !
Avec des amateurs, tout est à craindre
Notons au passage que le « cas » d’Air Belgium n’est pas une grande première ; on se souviendra de la ligne Liège-Paris-Charleroi exploitée naguère quotidiennement par la Sabena avec le succès que l’on sait… Mais si des amateurs s’y mettent, tout est à craindre. Pourquoi pas, demain, des vols Ostende-Vladivostok ou Luxembourg-Nassau (si, si, il y a un marché, on vous assure !) organisés par un façadeklacher des Marolles ?
Le pire, dans tout cela, c’est qu’à la fin, c’est le contribuable qui paie. Mais bordel, quand est-ce que cela va s’arrêter ?