La victoire d’Emmanuel Macron a été saluée par la plupart des Bourses européennes, et en particulier par celle de Paris. Il faut dire que les investisseurs avaient peur d’un duel final entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, deux candidats anti-européens…
L’arrivée d’Emmanuel Macron au second tour a donc rassuré les marchés financiers, même si le scénario idéal pour eux aurait été un duel entre Macron et François Fillon. Le candidat d’En Marche peut être fier d’avoir réussi un véritable hold-up sur la politique française, avec un peu d’audace et beaucoup de chance au final. Mais cette chance est en train de l’aveugler.
D’abord, parce qu’il a raté sa soirée électorale. Non seulement son discours de victoire n’a pas été à la hauteur des attentes, mais en plus il a commis une faute de goût en organisant un dîner entre amis à la Rotonde, une brasserie parisienne bien connue. Même si la carte de cette brasserie n’est pas hors de prix, elle a fait penser au dîner malheureux de Sarkozy au Fouquets. Et puis surtout, elle a donné l’impression, réelle ou fausse, qu’Emmanuel Macron était déjà convaincu de gagner au second tour. Péché d’orgueil, sans doute…
Or, Macron va probablement hériter d’un pays ingouvernable s’il franchit les marches de l’Élysée. Primo, parce que selon le décompte des voix, 45% des votants sont motivés par la peur et la colère. Ça fait beaucoup de monde à apaiser rapidement.
Et secundo, parce qu’Emmanuel Macron risque d’hériter d’un pays divisé en deux, façon « rat des villes et rat des champs » cher à notre bon vieux Jean de la Fontaine. Le vote du premier tour est en effet divisé entre la France des villes, avec ses populations urbaines et plus cosmopolites qui ont voté pour Macron, et la France rurale, plus pauvre, et souvent frappée par le chômage, qui a voté massivement pour Le Pen.
« La feuille de route d’Emmanuel Macron ne sera pas une petite promenade de santé… »
Et puis, il y a la différence d’attitude entre les deux camps. L’un se définit comme optimiste, tandis que l’autre exprime sa peur. 72% des votants pour Macron se définissent en effet comme des optimistes, contre seulement 29% pour Marine Le Pen!
Enfin, n’oublions pas que Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 450.000 membres adhérents de son mouvement « La France insoumise », a pour le moment refusé de soutenir Macron au second tour. Il a, au contraire, promis un troisième tour social. Bref, des manifestations et autres grèves risquent d’être programmées dès la rentrée pour contrer les éventuelles réformes que voudrait mettre en place le nouveau gouvernement. C’est la preuve s’il en était que la feuille de route d’Emmanuel Macron ne sera pas une petite promenade de santé, mais plutôt un long chemin de croix !