Commentant les opinions tranchées de Greta Thunberg, le ministre flamand en charge de l’écologie a déclaré : « Son combat est le bon ». Et globalement nous sommes d’accord. Le tourisme est concerné au premier chef par la montée des eaux, par exemple. Mais aussi par la pollution des villes, par le trafic et la mobilité, par les déplacements en avions, en voiture, en bateau… Alors pourquoi ce déchaînement contre Greta Thunberg ?
Il y a plusieurs raisons
La première – et la pauvre n’en peut rien – c’est son physique. On dirait une sorte de robot perfectionné, sans aucune ride sur le visage, sans un sourire, ce qui la rend « bizarre », et les gens n’aiment pas ce qui ne leur ressemble pas.
Ensuite il y a son âge. Les adultes détestent se faire donner des leçons par des enfants ou des ados. La réponse fuse : « qui es-tu pour me dire ça ? Retourne à l’école et occupe-toi de tes affaires ». Pourtant, elle s’occupe de ses affaires, et des nôtres.
Troisième raison : l’impression qu’elle donne d’être manipulée, et donc d’agir comme une marionnette animée par d’autres qui se cachent derrière elle et l’utilisent. C’est peut-être vrai, ou alors c’est dû à une maturité, un niveau de langage rarement atteint par une personne de son âge.
Quatrième raison : la presse, qui la suit, qui monte chaque parole et chaque attitude en épingle, qui la suit comme une « people » de famille royale ou une vedette internationale. Ce côté vedettariat dans une matière aussi sérieuse irrite, et renforce l’idée de manipulation.
Cinquième raison : ses outrances. De langage, essentiellement. Le « vous m’avez volé mon enfance » est scandaleux. La gamine est née et vit dans un des pays les plus avancés au monde, sans aucun problème à la gravité immédiate : sans guerre, sans famine, sans illettrisme. Comment ose-t-elle pousser ce cri ? Outrance aussi dans son comportement : voyager vers les USA dans un bateau qui a coûté une fortune, mais qui impose à deux équipages de prendre l’avion, c’est nous prendre pour des imbéciles.
Et la sixième raison, c’est parce que nous doutons de l’aspect scientifique de son discours qui n’est vrai que partiellement. Il faut bien distinguer la pollution dont nous sommes tous responsables, individuellement et collectivement, du changement climatique qui lui nous échappe très probablement. Le GIEC n’est pas la seule référence scientifique.
D’autres savants, totalement indépendants des pouvoirs politiques, expliquent que notre climat dépend essentiellement des cycles glaciation-réchauffement, comme des éruptions solaires aussi. Ils nous rappellent qu’une seule éruption volcanique de grande ampleur cause bien plus de dégâts pour la planète que des années de productions humaines.
Les deux thèses ont probablement chacune leur part de vérité
Mais ce qui insupporte, c’est le manque de crédibilité de certains groupes humains. Les jeunes manifestent pour le climat mais polluent de façon honteuse sur leur passage, dans leurs festivals, dans leur manière de consommer et d’utiliser les nouvelles technologies.
Leur révolte est très différente de celle des soixante-huitards. Nous en 68, nous n’avions en tête que de casser les codes, de casser le beau jouet : un monde fait par nos parents, trop policé, trop ordonné, sans guerre. Nous avons « foutu le bordel », cette révolte était anarchique, et nous polluions tant et plus puisque, par définition, il fallait casser les ordres.
Maintenant c’est tout différent
On réclame des règles contraignantes, tout en continuant à polluer. Mais la pollution qui dérange n’est jamais que celle des autres.
Ceux qui ne peuvent se payer un voyage en avion ou en croisière hurlent contre ces moyens de transport. Ceux qui habitent dans un pays plat et de forte densité ne comprennent pas pourquoi tout le monde ne se déplace pas en vélo.
Et parmi les manifestants, combien de milliers mangent de la cuisine exotique, boivent du vin chilien ou australien, goûtent des fraises en décembre ? On ne peut pas à la fois aller manifester pour le climat et agir comme si tout était produit chez nous.
Il reste que le voyage est une richesse fabuleuse qui fait connaître le monde et ses habitants ; il est donc un vecteur de connaissance de l’autre et donc aussi de respect et de paix. Et nous ne produisons ici aucun argument économique, pourtant le plus puissant de tous.
Il reste que le combat de Greta est sans doute le bon, mais avec respect, sans outrances.