Je vous parle souvent de l’intelligence artificielle. Beaucoup d’entre nous ont l’impression qu’il s’agit d’un concept nébuleux ou dont l’impact est encore lointain dans le temps. C’est une erreur.
Quand nous parlons à un assistant personnel du genre SIRI sur iPhone, c’est de l’intelligence artificielle. Quand nous faisons appel à une application de traduction instantanée, c’est aussi de l’intelligence artificielle. Et quand demain nous roulerons avec une voiture autonome, ce sera aussi grâce à l’intelligence artificielle. Sans compter que l’IA sera également nichée dans la plupart des objets du quotidien avec lesquels nous serons en contact par la voix, que ce soit notre thermostat, notre frigidaire ou notre machine à laver.
Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que cette intelligence artificielle vient de remporter une victoire éclatante face à quatre des meilleurs joueurs de poker au monde. Et cette victoire est plus inquiétante qu’il n’y paraît, car cela revient à dire que les robots sont désormais capables de bluffer et d’être meilleurs bluffeurs que l’homme. Ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour notre avenir.
Il est important de comprendre que, jusqu’à présent, les experts affirmaient qu’il était assez simple pour un algorithme de prévoir l’issue d’une partie d’échecs ou même de GO, car tous les mouvements sont prévisibles à partir de la configuration du plateau de jeu, mais comme le faisait remarquer le site Epoch Times, « pour le poker, c’est beaucoup plus difficile de connaître la main de ses adversaires ou leur état d’esprit qui influe fortement sur leur prise de décision ». Bref, le poker restait d’une grande complexité pour les machines et le facteur humain lié à ce jeu faisait qu’elles perdaient à chaque coup.
Dans le cas qui nous occupe, l’Américain Noam Brown, le créateur de Libratus, a affirmé que contrairement aux autres intelligences artificielles qui sont programmées pour gagner aux échecs, la sienne n’a jamais appris à jouer au Poker. Son créateur lui a juste donné les règles de base et lui a dit « apprends par toi-même ». Durant le tournoi de poker, pendant que les humains se reposaient ou dînaient, cet ordinateur était connecté à un autre superordinateur et affinait sa stratégie en rejouant des milliards de possibilités. Pire, cette intelligence artificielle au doux nom de Libratus a bluffé de manière spontanée face aux humains, alors qu’il n’avait pas appris à faire cela.
« L’intelligence artificielle, si elle est mal gérée, sera le plus grand danger de l’histoire de l’humanité »
Au-delà du jeu de poker, ce qu’il faut retenir de cette nouvelle victoire des robots sur l’humain, c’est qu’il sera possible à l’avenir de remplacer l’homme pour des décisions financières ou militaires, pour la simple raison que l’intelligence artificielle sera meilleure que les plus beaux esprits de la terre. Le site Epoch Times reprenait la déclaration d’un professeur de sciences informatique d’une université américaine qui affirmait son inquiétude: « en fait, disait-il, le poker est le moindre de nous soucis. Nous avons à présent une machine capable de vous botter les fesses en affaires ou sur le plan militaire. »
De quoi rappeler les multiples avertissements de Bill Gates ou d’Elon Musk, le patron de Tesla, qui considèrent que l’intelligence artificielle, si elle est mal gérée, sera le plus grand danger de l’histoire de l’humanité. Non seulement, elle risque de prendre tous nos jobs qualifiés – on le voit déjà dans le secteur de la banque ou de l’assurance – mais en plus, elle risque de déclasser l’espère humaine au rang d’espèce disparue.
Aux États-Unis, le débat a déjà commencé, en France et en Belgique, par exemple, ce n’est pas encore le sujet politique du moment. On préfère s’occuper de la situation fiscale du conjoint d’un candidat à la présidentielle ou de couper des têtes politiques du côté de Liège.