Quelles sont les perspectives de consommation hôtellerie et de restauration des Français après le confinement ? La société API & YOU, éditeur du logiciel de coffrets cadeaux Console SecretBox®, a mené l’enquête, du 4 au 6 avril, auprès de 1002 consommateurs répartis dans 12 régions françaises.
Ce n’est évidemment pas une surprise d’apprendre qu’une majorité de Français, les deux tiers à vrai dire, se disent prêts à retourner au restaurant dès la mi-juin voire même dès fin mai (20%), si le confinement est levé d’ici là. Près de 32% souhaitent aller au restaurant pour fêter la fin du confinement, pour 34% d’entre eux en couple ou en famille ou entre amis, ou avec 4 ou 6 personnes (32%).
Le circuit court s’impose
Cette rapide enquête a constitué aussi l’occasion de s’informer sur l’origine des réservations : 63% des personnes interrogées se renseignent sur un restaurant via internet ou les moteurs de recherche. Les recommandations de proches, de consommateurs ou d’experts sont sollicitées par environ 30% personnes interrogées quand les réseaux sociaux sont consultés par 25% personnes interrogées (plusieurs réponses étaient évidemment possibles).
Parmi les critères de sélection, l’hygiène reste, heureusement, le critère numéro 1. Mais, phénomène nouveau : le circuit-court s’impose désormais pour une expérience client réussie : il est primordial pour 38,94% personnes interrogées.
On veut partir plus souvent !
Et l’hôtellerie ? Bonne nouvelle : Plus de 23% des personnes interrogées indiquent vouloir partir plus souvent en week-end ou en vacances après la période de confinement. Surtout, 60% indiquent vouloir partir dans un hôtel de charme, 44% privilégient un hôtel équipé d’un spa, quand Airbnb ne séduit que 30% des personnes interrogées.
Et, comme on pouvait s’y attendre, les palaces et hôtels 5 étoiles attirent davantage les plus de 65 ans (70%) quand Airbnb séduit 58% des 25/35 ans, la mer étant la destination numéro 1 retenue par près de 70% des personnes interrogées.
Des voyageurs impatients
Près de 65% des personnes interrogées se disent prêtes à partir en week-end dès la mi-juin et (sinon ?) 38% indiquent, à la question « à partir de septembre, quelle période allez-vous privilégier pour voyager », vouloir partir dès la Toussaint. A cette même question, les ponts de mai en 2021 fédèrent près de 51% des personnes interrogées.
Enfin, près de 27% des personnes interrogées souhaitent partir en week-end ou vivre une expérience bien-être pour marquer la fin du confinement. Pour une majorité d’entre elles (55%), ce sera à moins de 250km de chez eux,
Cette étude, publiée par le magazine Tendances Hôtellerie, est riche d’encore bien d’autres enseignements et peut être téléchargée ici.
Les « petits restos » menacés
Les quelque 180 000 établissements qui servent des prestations alimentaires en France ont des profils très divers. La restauration collective, par exemple, va vivre des moments difficiles, mais résister, car elle est adossée à de grands groupes. Pour Jacques Bally, le président du guide Gault & Millau, 25 % des restaurants sont menacés de fermeture définitive.
En revanche, le petit resto « à la française », du gastro à la bistronomie, tous les chefs installés sans associés financiers risquent de mettre la clé sous la porte. Les affaires familiales des petites communes, parfois enclavées, sont en très grande difficulté. Quand un couple vit sur le même établissement et que son activité est suspendue pendant plus d’un mois, c’est un désastre.
Différents scénarios
Au-delà de la fermeture temporaire des établissements, c’est la reprise molle de l’activité qui affole les restaurateurs. Dans son allocution du 13 avril, le président Macron a annoncé que cafés, bars et restaurants resteront fermés même après le 11 mai. « Je ne pense pas que nous retrouvions les touristes avant 2021 au mieux, pronostique Victor Mercier, finaliste de “Top Chef”, qui a ouvert sa table, Fief, à Paris, il y a sept mois. Avec la fermeture des frontières, la défiance du voyage, les gens ne pourront ou ne voudront pas prendre l’avion. »
Il imagine plusieurs scénarios peu engageants pour son établissement. Par exemple, une réouverture sur les chapeaux de roue : « Les gens auront envie de se faire plaisir dans l’instant du déconfinement… puis seront rattrapés par la crise et arrêteront de sortir. »
Autre possibilité, une réouverture « douce et lente », sous contrainte, l’obligeant à espacer des tables : de 45 couverts, il se verra passer à 30 et perdre un tiers de sa capacité.
Et les banques, les assurances ?
« En 2008, les banques, mais aussi le secteur de l’assurance qui possède des banques, comme Axa ou Groupama, ont bénéficié de la solidarité des Français, rappelle Stéphane Manigold, qui possède quatre établissements à Paris. J’en suis fier. Mais je serais fier aussi qu’aujourd’hui les assurances fassent preuve de solidarité. »
C’est également vers les consommateurs que les espoirs des restaurateurs se tournent. Beaucoup vivent sous perfusion de livraisons et de plats à emporter, grâce aux commandes de leurs clients fidèles. Et des sites comme Le Pot commun ou La Fourchette proposent aujourd’hui des bons prépayés pour soutenir ses restaurants favoris. « C’est bien, il faut innover pour sauver le système », appuie Jacques Bally. Le président du Gault & Millau, confiné à Nice, avoue avoir déjà prépayé deux dîners dans la ville.
[Avec Le Monde]