L’Horeca, son chemin de croix et les non-dits

Un restaurant fermé à Nivelles.

Sauf à vivre sur la planète Mars, chacun sait en Belgique que le secteur de l’HORECA est à l’agonie. Mais dans leur combat, les restaurateurs et les cafetiers viennent de recevoir une aide symbolique appréciable.

16 patrons de très belles sociétés viennent de signer collectivement une lettre ouverte à nos gouvernants pour les inciter à avoir de la clarté sur l’ouverture de l’HORECA. En gros, ils disent arrêtez de nous dire que le secteur HORECA pourra peut-être ouvrir le 1er mai. Ces 16 patrons veulent une date fixe et des étapes ou des phases claires pour cette réouverture, sans quoi avec l’approche des beaux jours, les citoyens organiseront leurs propres apéros. Et les règles sanitaires ne seront quand même pas respectées…

Parmi les signataires, on retrouver le patron de Spadel, autrement dit, l’eau minérale SPA, Michel Moortgat de la brasserie Duvel, le patron de la chaine Exki ou encore la nouvelle patronne du Pain Quotidien. Je rappelle que le patron mondial de Danone a été licencié le weekend dernier, entre autres, parce que sa société vendait moins d’eaux minérales en raison de la fermeture des restaurants et cafés.

Le drame dans ce combat de l’HORECA, c’est que c’est surtout un parti qui les soutient. Je ne dis pas que les autres sont muets, mais ils ne sont pas non plus en première ligne dans la défense de l’HORECA car (ils ne le diront pas aussi brutalement que moi) ce n’est pas leur électorat.

Et puis, il y a cette ritournelle contre la différence des aides entre le nord et le sud du pays

C’est vrai que les restaurateurs paient le même impôt et les mêmes charges sociales au niveau fédéral qu’en Flandre, mais voilà au niveau des aides, c’est le grand écart. Des aides qu’on devrait plutôt appeler indemnités car les restaurateurs n’ont pas demandé à être fermés. Au niveau de ces indemnités régionales, clairement la Wallonie et Bruxelles sont moins généreuses que la Flandre.

Là encore, ce n’est pas anecdotique, les acteurs du terrain, en ce moment même le savent bien: la crise profite aux plus nantis. Des acteurs importants en Flandre sont en train de lorgner sur les plus belles brasseries de Bruxelles et de Wallonie pour les racheter à vil prix…

Est-ce une concurrence déloyale ? Pas nécessairement. Même si ce n’est pas agréable à entendre, on pourrait aussi en conclure que la Flandre a depuis des décennies été mieux gérée que les deux autres régions francophones. Et donc, comme en Allemagne, en cas de crise, il y a davantage de moyens à disposition des citoyens.

L’autre drame de l’HORECA, c’est que c’est un secteur qui n’a jamais été aimé des banquiers en raison de son taux de faillite. Il n’y a donc aucune compréhension à attendre de ce côté-là sauf une écoute symbolique. Quand j’entends certains dire qu’il faudrait boycotter telle banque, je sais – hélas – que toutes les banques ne demandent pas mieux que de ne pas avoir d’entreprises de l’HORECA dans leur portefeuille.

Et comme en plus, le secteur tarde à ouvrir, les jeunes se détournent de la profession, et la pénurie de main-d’œuvre n’est pas à exclure le jour de l’ouverture… Espérons que l’appel au secours de ces lieux de plaisir et de partage sera enfin entendu.



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