L’été sera chaud pour les épargnants et les investisseurs

Luigi Di Maio (5 Etoiles) et Matteo Salvini (Ligue), alliés au sein du nouveau gouvernement italien. © TIZIANA FABI/BELGAIMAGE

L’Italie va occuper la UNE des journaux pendant tout l’été. Elle risque de nous rappeler les mauvaises heures du feuilleton grec, sauf que l’Italie, c’est encore pire. L’Italie a en effet un PIB dix fois plus important que celui de la Grèce. Et les Belges qui ont des actions européennes dans leur portefeuille risquent donc d’avoir chaud, très chaud.

Je participais hier soir à un débat sur la réforme fiscale en Belgique, un débat dans lequel notre ministre des Finances, Johan Van Overtveldt devrait prendre la parole. Malheureusement, il s’est fait remplacer au dernier moment par l’un de ses conseillers. Pour excuser son absence, notre ministre des Finances a expliqué qu’il était tenu par des réunions consacrées à la crise italienne. Je vous en parle parce que l’Italie va sans doute occuper la UNE des médias économiques durant tout l’été.

L’été sera donc chaud pour les épargnants et les investisseurs qui ont des actions européennes dans leur portefeuille. Il faut dire que l’Italie n’est pas la Grèce. Elle est en effet la 3e économie de la zone euro. Son PIB est dix fois plus élevé que celui de la Grèce, et quant à sa dette publique, elle est 7 fois plus élevée que celle des Grecs. Bref, comme disent les économistes dans leur jargon, l’Italie est Too Big to Fail. Autrement dit, comme certaines banques, l’Italie est trop grande pour la laisser faire faillite.

Voilà pourquoi notre ministre des Finances, mais tous les autres en Europe sont aujourd’hui concernés par la crise politique en Italie. Les plus anciens se diront qu’il ne faut pas s’inquiéter, après tout, l’Italie a toujours été chaotique sur le plan politique et les gouvernements se sont toujours succédé à vive allure. C’est vrai, sauf que ces gouvernements ne prônaient pas des changements radicaux et surtout ils étaient tous pro-européens. Or, ici, les électeurs montrent une grande défiance à l’égard de l’Europe

En réalité, une majorité d’Italiens reprochent à l’Europe deux choses : sa politique d’austérité, et surtout son incapacité à les protéger contre les flux immigrés. Le danger de ce rejet de l’Europe, c’est que les deux partis arrivés en tête des élections, sans le dire ouvertement, en profitent pour pousser leurs pions contre l’euro. C’est pourquoi le président du conseil italien a rejeté la nomination d’un ministre de l’économie qui est un eurosceptique et qui risquait de manière détournée de remettre en cause l’euro.

Mais si aujourd’hui les marchés financiers sont nerveux à l’égard de l’Italie, c’est qu’ils ont peur que les prochaines élections arrivent à une conclusion encore pire que celle d’aujourd’hui : ils ont peur que la campagne électorale se transforme en une campagne : « êtes-vous pour le maintien de l’Italie dans la zone euro ? ».

Voilà pourquoi l’été sera chaud, d’abord, parce que nous allons vivre au rythme des sondages, et ensuite, parce que des fonds spéculatifs ont déjà commencé à vendre à découvert les actions et la dette publique italienne. Les fonds spéculatifs, c’est un peu comme les vautours dans les westerns, quand ils tournent autour de votre tête, c’est qu’ils misent sur votre mort. Or, encore une fois, l’Italie est trop grande pour faire faillite. Et si on a beau habiter en Belgique ou en France, ce qui se passe en ce moment en Italie aura des conséquences très pratiques sur nos économies et notre épargne. Bienvenue dans la mondialisation des problèmes.

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