Le jeudi 10 décembre dernier, la famille du dictateur Francisco Franco a dû rendre les clefs du Pazo de Meirás, un somptueux manoir à deux tours, à l’Etat espagnol. Situé dans la région de Galice, d’où était originaire Franco, ce bien mal acquis était resté entre les mains de ses héritiers pendant 82 ans.
Il s’agit d’une demeure dans laquelle avait vécu l’écrivaine Emilia Pardo Bazán et qui avait été achetée avec des « dons publics » en 1938, durant le franquisme, pour être « offerte » au gouvernement fasciste de l’époque afin que le Caudillo puisse avoir une résidence d’été officielle. Après que le dictateur ait pris la pleine possession du manoir pendant la guerre civile espagnole, il l’a ensuite mis à son nom en 1941.
On sait aujourd’hui que son onéreux achat aux héritiers de Pardo Bazán avait été réalisé grâce à la médiation d’un conseil régional dirigé par des hommes d’affaires franquistes et des autorités falangistes galiciennes. L’argent avait été collecté localement sous la menace d’une arme, en prenant les paiements des fonctionnaires de l’administration et en imposant une sorte de «taxe révolutionnaire» aux habitants de la région.
En septembre dernier, un tribunal galicien a jugé que le transfert de la propriété à Franco était illégal, considérant qu’il ne s’agissait pas d’un don personnel, mais au chef de l’Etat de l’époque, et a ordonné aux héritiers de quitter la propriété.
Cette restitution d’un bien privé au patrimoine public fait partie d’une série d’actions entreprises par le gouvernement espagnol pour effacer l’héritage de la dictature. La décision intervient un an après que les restes de Franco aient été retirés d’un mausolée d’État à la périphérie de Madrid.
Ce même jour, l’ex-roi Juan Carlos de Bourbon, qui se trouve en « exil » aux EAU règle une dette fiscale de près de 680 000€ afin d’éviter un procès.
L’ancien monarque, qui voudrait rentrer en Espagne pour Noël, devra répondre à la justice sur l’origine de fonds qui auraient été dépensés par les membres de sa famille sur trois années différentes, entre 2016 et 2018, alors qu’il n’était plus protégé par l’inviolabilité car il avait abdiqué en faveur de son fils, l’actuel roi Felipe VI, en 2014.
Le milliardaire mexicain Allen Sanginés-Krause, ami personnel de Juan Carlos, lui aurait fait des « cadeaux » et des « dons » par virements à travers plusieurs cartes de crédit que l’ancien roi n’aurait pas déclaré au Trésor et sur lesquels l’unité anticorruption espagnole mène actuellement une enquête.
Cependant, la piste principale de la fortune non déclarée de l’ex-roi se trouve en Suisse, où la justice poursuit les traces de la coquette somme de 65 millions d’euros qui aurait été « offerte » il y a huit ans à son ex-maîtresse, l’allemande Corinna Larsen.
C.A.T