La Bourse a décroché la semaine dernière de manière assez rude. Mais est-ce que les explications que l’on donne habituellement sont-elles les bonnes? Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco, nuance ces explications et en donne d’autres.
La semaine dernière a été très rude pour les Bourses, en particulier mercredi et jeudi derniers. Les médias n’ont pas parlé de krach boursier car les indices n’ont pas baissé de plus de 20%. En effet, 20%, c’est le chiffre qu’il faut dépasser pour parler officiellement d’un krach.
Mais pour beaucoup d’investisseurs particuliers, c’est une manière hypocrite de voir les choses, car individuellement, de nombreuses entreprises ont vu le cours de leur action descendre sous les 20%.
Les commentateurs ont joué leur rôle et donc commenté : les uns disent que c’est à cause de la hausse des taux d’intérêt, les autres disent que c’est à cause de la guerre commerciale qui sévit entre les Etats-Unis et la Chine, d’autres encore ont peur des entreprises très endettées et qui risquent de souffrir fortement avec la hausse des taux.
On appelle ces entreprises des « entreprises zombies » car elles ne survivent encore que grâce à la faiblesse des taux d’intérêt. Et visiblement beaucoup de « zombies » risquent de mourir enfin, mais pas sans faire quelques dégâts autour d’elles.
Et puis, il y a aussi les superstitieux, ceux qui n’aiment pas le mois d’octobre car le krach de 1929 a eu lieu au mois d’octobre, que le fameux krach de 1987 a également eu lieu en octobre, et que le 15 octobre 2008, la Bourse de New York a également plongé du nez en pleine crise financière.
Bref, le mois d’octobre porte malheur et vous savez quoi ? Ce mois d’octobre n’est pas encore terminé! Et puis, il y a ceux – comme l’analyste boursier du New York Post – qui veulent garder raison et qui ne paniquent pas.
Après tout, des bas, il y en a eu par le passé, et il y en aura encore dans le futur. Et ceux-là prennent du recul sur les explications courantes. Que constatent-ils?
Au-delà des explications sur la hausse des taux d’intérêt, il y en a d’autres plus simples, presque triviales.
La première, c’est que le cours des actions a surtout monté parce que les sociétés cotées achetaient leurs propres actions. Or, ce n’est plus le cas en ce moment pour des raisons techniques. C’est donc un appui en moins pour la hausse des cours.
« Le mois d’octobre porte malheur pour la Bourse et vous savez quoi? Ce mois d’octobre n’est pas encore terminé! »
Et puis, il y a des vendeurs naturels, ceux qui veulent se délester un peu avant de savoir dans quelle direction le marché va se diriger. Après tout, si vous avez acheté des actions Amazon et qu’elles se sont bien comportées, il est normal d’alléger un peu votre portefeuille, de prendre vos profits avant de savoir si le marché reste en bonne santé ou pas. Si ce n’est pas le cas, en vous allégeant à temps, vous évitez une plus grande correction.
Enfin, parmi les acheteurs, il y a aussi beaucoup d’investisseurs institutionnels, des banques, des fonds de pension, par exemple. Or, tous ces gentlemen attendent de voir les prochains bénéfices des sociétés cotées avant de se positionner à l’achat. En résumé, vous avez d’un côté des vendeurs sur le marché et puis de l’autre côté, des acheteurs potentiels mais qui n’osent pas encore faire le pas.
Pas étonnant que les cours baissent dans ce cas. Quant aux taux d’intérêt, ils ont été désignés comme le facteur déclenchant de la baisse de la Bourse, mais alors si c’est le cas, la Bourse aurait dû remonter jeudi dernier quand les taux ont baissé.
Au contraire, l’indice Dow Jones est passé dans le rouge. Au final, ces optimistes nous disent qu’il ne faut pas se soucier des corrections, nous en avons eu plein avant et nous aurons plein demain y compris avec de nouvelles hausses.
Mais n’est-ce pas la règle du jeu en Bourse ? Ne faisons pas semblant de la redécouvrir.