Le succès des compagnies du Golfe, outre le fait qu’elles sont parmi les meilleures du monde au niveau du service, est dû aussi à ce qu’elles offrent des hubs parfaits vers l’Asie du Sud-Est, l’Extrême-Orient et l’Océanie, donc l’Australie.
Ces hubs offrent non seulement des connections parfaites, mais sont aussi en soi des destinations. Les croisiéristes ont l’habitude de dire : « C’est le bateau lui-même qui est devenu la destination ». Ici, c’est l’aéroport. Que ce soit Dubaï, Abu Dhabi ou Doha pour citer les 3 principaux, leur offre de services est énorme, on pourrait même dire hors norme. Les boutiques, la restauration, les distractions (l’« entertainement ») sont très nombreux et variés, et ils s’adressent avant tout à une clientèle en transit.
Mais voilà qu’Airbus lance son A350-1000, capable au départ des grandes villes australiennes d’atteindre n’importe quelle ville d’Europe (ou des Etats-Unis, d’ailleurs) sans escale. C’est évidemment une menace pour les compagnies du Golfe, mais aussi pour les aéroports de la région et tous les commerces qui y sont liés.
Selon un sondage effectué par GlobalData, la clientèle potentielle est très partagée, entre ceux qui préfèrent l’accessibilité et ceux qui regardent davantage le prix. Or il semble que les vols sans escale, par exemple un Sydney-Londres, seront significativement plus chers que les vols actuels via les Emirats.
Ce risque est bien sûr conditionné au nombre d’avions ultra-long-courriers qui seront mis en ligne par les différentes compagnies aériennes. Mais il se peut qu’un jour, si les prix des vols « directs » diminuent, une part de plus en plus large de la clientèle se tourne vers eux.
Pourtant, ce n’est pas encore la panique, loin de là. Beaucoup d’utilisateurs potentiels y regardent à deux fois avant de passer 20 heures dans un avion. Le choix d’une escale restera longtemps encore un choix de confort. Et donc les hubs des Emirats resteront des destinations.
Comme toujours dans le monde du commerce, il y a de la place pour tout le monde. Et ne doutons pas que devant cette potentielle menace, les Emiratis trouveront une parade : encore plus de services connexes, comme des packages avec hôtels de luxe, par exemple. Ils ont réussi en moins de 3 décennies à se créer une place enviable, gageons qu’ils ne sont pas prêts à laisser tomber le morceau.