La Bourse est étonnante, elle offre en ce moment une image de résilience assez paradoxale. Et le segment qui traduit le mieux ce divorce, entre l’économie réelle et l’économie vue ou plutôt rêvée par la Bourse, ce sont les valeurs technologiques.
Il est vrai que ces valeurs profitent des fermetures des commerces physiques, c’est le cas par exemple d’Amazon. Il est vrai aussi que les actions de sociétés de logiciels, que ce soit des entreprises de vidéoconférences ou des sociétés de cyber-sécurité, profitent du confinement de plus de la moitié de la planète.
Le résultat est qu’aujourd’hui deux valeurs frôlent les 1.200 milliards de dollars de valorisation : je parle d’Amazon et d’Apple.
D’ailleurs, c’est simple, le poids de toutes ces valeurs technologiques s’est renforcé au fil du temps : si on ajoute Apple + Amazon + Microsoft + Alphabet (la maison-mère de Google) + Facebook, au total ces 5 valeurs représentent aujourd’hui 38% du Nasdaq, vous savez, c’est l’indice boursier américain qui regroupe les valeurs technologiques. Cinq valeurs qui représentent à elles seules presque 40% d’un indice, c’est du jamais vu et montre la dépendance de cet indice vis-à-vis de ces 5 actions.
Alors, est-ce un bien cette résilience ? Oui et non… Oui, car cela montre que la Bourse table sur le fait que nous sommes tous devenus des accrocs du numérique, que nos habitudes numériques vont en sortir renforcées par ce confinement obligatoire.
D’ailleurs les chiffres le montrent, de plus en plus de seniors s’inscrivent à Facebook ou deviennent clients d’Amazon. La Bourse parie aussi sur l’aspect darwinien de ce constat ; autrement dit, les grandes entreprises vont devenir encore plus grandes, elles vont profiter des soldes en Bourse pour racheter leurs concurrents ou les laisser mourir rapidement.
Finalement, la Bourse fait le lien entre cette crise sanitaire et les valeurs technologiques, elles sont liées de plus en plus car les géants de la technologie s’intéressent de longue date à notre santé. Cette crise sanitaire va encore plus renforcer les recherches dans cette direction.
Bien entendu, il y a aussi des personnes qui doutent de la trop bonne forme de ces valeurs technologiques en Bourse : elles partent du principe qu’il y aura un réveil brutal lorsque les chiffres du premier trimestre 2020 seront publiés. Est-ce normal qu’Apple ne perde que 4% en Bourse alors que la plupart de ses points de vente sont fermés ?
Même chose pour une entreprise comme Tesla, considérée plus comme une action technologique qu’automobile, l’action Tesla a grimpé de 75% depuis janvier car elle devait bénéficier de l’aide indirecte des Etats qui faisaient la chasse aux moteurs thermiques.
Mais avec cette crise, il n’est plus certain que ce soit le cas, les Etats vont d’abord se porter au secours de leurs constructeurs automobiles, en raison des emplois qui y sont liés, avant de leur imposer de nouvelles normes trop drastiques.
En résumé, la Bourse reste paradoxalement optimiste, du moins pour les valeurs technologiques, elle part du principe que ces valeurs sont notre avenir. Et l’avenir, comme chacun le sait, n’a pas de prix ! Ou plutôt, il est assez élevé en ce moment en Bourse.