Deloitte et In Extenso publient la 20e édition des tendances annuelles du tourisme et de l’hôtellerie. La fréquentation touristique, repartie à la hausse à la fin 2016, a permis à l’activité hôtelière d’enregistrer une progression des chiffres d’affaires hébergement sur l’ensemble des segments en 2017.
Portée par la reprise économique, la bonne santé de l’industrie hôtelière en régions a continué de jouer un rôle majeur dans l’attractivité et l’activité du secteur en France. En outre, après une année 2016 fortement impactée par le risque sécuritaire, Paris s’est réconciliée avec le dynamisme touristique.
« Selon l’Organisation mondiale du tourisme, la France a atteint 89 millions de visiteurs en 2017, soit une progression de 6% par rapport à 2016, elle reste la première destination touristique internationale. Le tourisme continue donc à bénéficier d’une croissance soutenue, malgré les soubresauts réguliers de la conjoncture. L’hôtellerie profite pleinement de l’attractivité de la destination et peut capitaliser en plus sur les retombées de la reprise économique. Les avancées technologiques – visite virtuelle d’un site, visioconférence, etc. – sont intéressantes mais ne remplacent pas le plaisir d’arpenter en réel une destination ou la cohésion humaine créée par la réunion physique d’équipes ou de partenaires. » analyse Philippe Gauguier, Associé Tourisme, Culture et Hôtellerie chez In Extenso.
L’hôtellerie française sous le signe du rebond en 2017
Fin 2017, l’industrie hôtelière, toutes gammes confondues, enregistre une hausse de fréquentation de près de 4% par rapport à 2016. Le prix moyen reste stable par rapport à l’année dernière mais dans un contexte de reprise cette prudence des hôteliers est compréhensible. Le retour de la clientèle étrangère, la reprise économique sur les segments loisirs et business, et une année impaire favorable aux congrès ont dynamisé les taux d’occupation en 2017. Ils sont en hausse sur l’ensemble des segments par rapport à 2016, de 2% sur l’hôtellerie Super-économique à près de 5% sur le Milieu de gamme. Les chiffres d’affaires hébergement sont en progression sur toutes les zones géographiques et sur l’ensemble des catégories. Seule exception pour l’hôtellerie Super-économique azuréenne, qui connaît une baisse de près de 5% par rapport à 2016 et un retrait de 13% depuis 2013.
L’hôtellerie parisienne reprend des couleurs et l’hôtellerie azuréenne entame 2018 sur une tendance favorable
Grâce à la reprise économique et à l’activité touristique, le Grand Paris enregistre plus de 23 millions de nuitées hôtelières en 2017, une année record en termes de fréquentation touristique. La preuve en est que le trafic des aéroports de Paris a progressé de près de 5%, pour atteindre environ 102 millions de passagers. Cette franche reprise a été portée, d’une part par le tourisme d’affaires, et d’autre part par le grand retour de nombreuses clientèles étrangères, avec en tête les Américains, les Chinois, les Allemands et les Espagnols.
L’hôtellerie parisienne connaît une progression de 8% de son taux d’occupation et une légère hausse (1%) du prix moyen. Grâce à la reprise de la fréquentation, le chiffre d’affaires hébergement est en croissance de 9% par rapport à l’année dernière. Toutefois, il reste en repli par rapport à 2013, notamment sur les segments Haut de gamme (-7%) et Luxe (jusqu’à -20%). En effet, les exercices 2015 et 2016 avaient été compliqués pour l’ensemble des établissements hôteliers en région parisienne, du fait de l’importante chute d’activité consécutive aux attentats.
Malgré un début 2017 difficile, la Côte d’Azur termine l’année sur une tendance favorable. En effet, le taux d’occupation de l’hôtellerie azuréenne, toutes catégories confondues, enregistre une augmentation de près de 3% par rapport à 2016 et une légère hausse de 1% par rapport à 2013. Les prix moyens pratiqués affichent un léger retrait de presque 1% par rapport à l’année précédente, mais en croissance d’environ 4% depuis 2013. Le chiffre d’affaires hébergement est quant à lui en croissance par rapport à 2016 et 2013, respectivement de l’ordre de 2% et 5%. La situation est cependant hétérogène entre les destinations azuréennes. Nice a ainsi pu capitaliser sur la complémentarité de ces segments de clientèles loisirs et business. A l’inverse, Cannes a été pénalisée par le poids de la saison estivale et par les conséquences des tensions au Moyen-Orient.
Les régions confirment leur rôle moteur en France
En régions, le chiffre d’affaires hébergement progresse d’un peu plus de 2% par rapport à 2016 et d’environ 6% depuis 2013. Il est en croissance sur l’ensemble des catégories, de l’ordre de 1% (Economique) à 3% (Haut de gamme) par rapport à l’année dernière. Le prix moyen sur les catégories Economique à Haut de gamme est en léger recul (moins de 1%), s’expliquant en partie par la tenue de la Coupe d’Europe de football en 2016, qui avait dynamisé les prix moyens et le chiffre d’affaires hébergement des professionnels du secteur. Ces dernières années, l’occupation a augmenté de presque 4% et la recette moyenne par chambre louée de 2%.
« L’hôtellerie en régions, et en particulier dans les grandes agglomérations, continue d’être un véritable moteur pour l’activité hôtelière française, tirant l’ensemble du secteur vers le haut. Les grandes villes restent attractives et contribuent largement à la croissance du parc hôtelier. Ainsi, la capacité d’accueil des dix grandes métropoles a augmenté de 3,8% entre 2013 et fin 2017 et d’ici à 2020, près de 2 600 chambres feront leur entrée sur le marché Haut de gamme et Luxe. » explique Olivier Petit, Associé Tourisme, Culture et Hôtellerie chez In Extenso.
Perspectives 2018
En 2018, le secteur hôtelier, notamment à Paris et sur la Côte d’Azur, devrait bénéficier de la bonne dynamique économique générale et du renforcement de l’attractivité de la destination France. Le regain d’activité touristique de l’hôtellerie parisienne devrait en effet se poursuivre ; les grands événements, tels que les Gay Games, la Ryder Cup ou encore le congrès de l’European Respiratory Society, devraient permettre à la capitale de se maintenir sur le devant de la scène touristique en 2018. A plus long terme, la perspective des Jeux Olympiques de 2024 va également contribuer à dynamiser l’image de la destination. En régions, la croissance devrait se maintenir mais elle sera probablement moins soutenue. 2018 étant une année paire, donc moins favorable à l’activité des congrès, conventions et voyages d’affaires.
Réinvention du produit hôtelier
Si l’année 2018 se place sous des auspices favorables, il n’en reste pas moins que le secteur est confronté au défi de se réinventer.
« Le consommateur touristique est plus averti, plus expérimenté qu’autrefois, et est donc plus exigeant, plus difficile à surprendre. Disposant de plus en plus d’un foyer suréquipé technologiquement, il s’attend à retrouver a minima la plupart de ces équipements dans sa chambre d’hôtel. Pour le séduire, il faut donc mettre l’accent sur d’autres aspects et repenser les offres. Le marketing et la communication valorisent ainsi volontiers ce qui était autrefois considéré comme des périphériques du produit hôtelier : le restaurant, le bar, le lobby qui devient un espace de vie évolutif au long de la journée, le spa… Nous assistons à une ébullition créative, pour réinventer un produit hôtelier que nous pensions, à un moment, relativement figé dans des structures assez codifiées. » conclut Joanne Dreyfus, Associée Tourisme, Hôtellerie et Loisir chez Deloitte.
L’étude complète est disponible ici