Stendhal était tombé littéralement amoureux de Florence, la capitale de la Toscane, considérée comme l’une des plus belles villes du monde. Durant des siècles, la ville a accueilli une myriade de grands hommes : humanistes, écrivains, peintes, architectes, sculpteurs, scientifiques ou penseurs.
Si à la plupart des visiteurs, le berceau de la Renaissance ne laisse aucune trace durant le séjour, pour d’autres Florence détient une trop grande quantité d’œuvres d’art qu’ils ne supportent pas psychologiquement et sont alors victimes d’une indigestion artistique. C’est ce qu’on appelle le Syndrome de Florence, que sa spécialiste, le Dr Graziella Magherini, baptisera aussi Syndrome de Stendhal.
Cette overdose d’art se traduirait par des malaises et des pertes de connaissance de la part de quelques visiteurs, lorsque ces derniers seraient en face d’un tableau mythique, dans un bâtiment historique ou tout simplement en train de visiter la ville.
Selon le Dr. Magherini, « nous sommes tous porteurs du Syndrome de Stendhal. Ce phénomène reste pour la plupart d’entre nous diffus ». Il ne représente en effet que quelques dizaines de cas par an.
Comment se fait-il que certaines personnes soient plus sensibles que d’autres face à l’art ? Quels sont les touristes qui sont les plus touchés par ce syndrome ?
Il y a trois facteurs qui entrent en jeu pour que le voyageur développe le Syndrome de Stendhal : l’histoire personnelle du voyageur ; le fait qu’il soit en voyage (souvent seul) et par conséquent hors de sa zone de confort et de ses repères ; une abondance d’œuvres d’art dans laquelle le voyageur sera plongé. Il risque alors de se mettre dans un état d’exaltation, son rythme cardiaque va s’accélérer, ses pupilles vont se dilater.
Nous ne sommes pas tous égaux devant la gestion de nos émotions. Les personnes les plus susceptibles d’être affectées par ce syndrome sont les voyageurs européens, car ils partagent sensiblement la même culture que les Italiens, ce qui les rend plus réceptifs à leur patrimoine culturel et historique. Les personnes atteintes sont des individus sensibles, fragilisés, angoissés et influençables de nature.
Nous avons aussi demandé l’avis de Mr Pierre Josse, rédacteur en chef du Routard, qui a vécu ce syndrome.
« Reconnaissons que ce sont des maladies très marginales et peu dangereuses. Il n’y a pas lieu d’affoler le lecteur. Donner l’information comme une anecdote un peu insolite ou amusante suffit largement. »
En conclusion, il faut plutôt souhaiter aux voyageurs lors des visites de connaître ces moments privilégiés et intenses, ces riches télescopages entre cultures et traditions, comme les vivaient les délicieuses jeunes filles de l’ère victorienne !
Michèle Unterberg
A relire : Les syndromes du voyageur (1)