La victoire de Donald Trump n’a pas fini de susciter des commentaires. Pour ma part, je m’interroge, comme d’autres, sur l’étonnante réaction des Bourses…
La Bourse a d’abord chuté en Asie durant la nuit du 8 au 9 novembre pendant le dépouillement des votes, et puis, le lendemain matin, la plupart des Bourses occidentales, y compris aux États-Unis, sont reparties à la hausse. Les indices boursiers ont même clôturé la semaine dernière dans le vert. C’est fou ! Et si vous me faites le plaisir de vérifier sur Google, vous verrez que la plupart des articles – supposées être bien documentés auprès des meilleurs experts – disaient que la Bourse misait plus sur Hillary Clinton que sur Donald Trump.
Pourquoi ? Parce que comme disent les Américains, Mme Clinton, c’est « the devil we know ». Autrement dit, le diable que l’on connaît, pas de surprise donc. Et puis, comme elle est sponsorisée pour sa campagne par les grandes banques et la Silicon Valley, son élection ne pouvait être que bénéfique pour Wall Street, à l’exception de l’un ou l’autre secteur.
En revanche, avec sa volonté d’augmenter les tarifs douaniers sur les exportations de la Chine et son projet de bâtir un mur entre le Mexique et les États-Unis, M. Trump faisait peur à Wall Street. D’ailleurs, souvenez-vous, chaque fois qu’un sondage donnait Trump gagnant, la Bourse flanchait. Elle a même flanché pendant six ou sept séances consécutives après les révélations du FBI sur Hillary Clinton, ce qui n’était plus arrivé depuis la crise de 2008.
Et puis, patatras. Tout ce discours négatif, y compris le fait que l’élection de Trump serait un Brexit puissance XXL, eh bien, au final, rien, pschit ! La Bourse a au contraire grimpé ! Pour justifier ce retournement de veste, la Bourse a décidé de se focaliser, nous dit-on, uniquement sur les aspects positifs du programme de Donald Trump ! C’est l’explication que je lis le plus souvent sous la plume de soi-disant experts. Mais de qui se moque-t-on ? Peut-on à ce point retourner sa veste. Dire blanc hier et noir aujourd’hui ? La seule réponse possible est que la Bourse n’est pas un baromètre fiable, pas plus que les organismes de sondages ou les médias…
« Les derniers jours ont montré que la Bourse, contrairement à ce qu’on nous chante, est tout sauf le temple de la rationalité »
Prenez les baisses d’impôts que veut imposer Trump: c’est bon pour l’économie et donc la Bourse, mais il ne dit pas comment il va financer cette baisse des impôts. Même constat pour les grands travaux d’infrastructures: avec quel argent va-t-il les financer ? Comment peut-on à ce point retourner sa veste, alors qu’on ne connaît pas son équipe et qu’on ne sait pas ce qu’il va garder ou jeter de son programme ?
Bref, on ne sait pas grand-chose, mais ce qui était hier synonyme d’incertitude, donc quelque chose que déteste en principe la Bourse, est devenu aujourd’hui, par on ne sait quel miracle, bon pour la Bourse !
Je ne sais pas comment la Bourse va évoluer ce lundi 14 novembre, mais les derniers jours ont montré que la Bourse, contrairement à ce qu’on nous chante régulièrement, est tout sauf le temple de la rationalité. En fait, et je suis bien placé pour en parler en tant qu’observateur, en Bourse, on peut dire tout et son contraire à quelques jours d’intervalle et avec le même aplomb.