Alors que les Belges savourent leur liberté retrouvée après trois mois de confinement, les Ayatollahs de la FGTB ont décidé d’imposer le confinement au dialogue politique et social.
Fin de semaine dernière, Robert Vertenueil, le président de la FGTB a été réprimandé par sa direction. Son crime ? Avoir osé dialoguer (dans les locaux de la centrale syndicale) en direct avec le diable (Georges-Louis Bouchez, le président du MR) et avoir ensuite par presse interposée rappelé la nécessite « d’établir un nouveau pacte social ».
Le seul fait d’avoir osé avouer que leur échange – démocratique – a débouché sur quelques « points communs » a suffi à donner de l’urticaire aux multiples petits Robespierre de la FGTB.
La démission du patron de la FGTB a même été agitée par certains caciques de l’ex-centrale socialiste, devenue au fil du temps l’antichambre du PTB.
Il faut se frotter les yeux pour y croire, alors que notre PIB – la mesure de notre richesse nationale – a effectué le plus grand plongeon depuis 1940-1945, vous avez des coupeurs de tête qui estiment qu’en 2020, parler avec l’adversaire politique est désormais un délit politique, une faute grave.
Bref, selon ces « petits chiens de berger qui se prennent pour des molosses » pour reprendre la jolie formule de Franz-Olivier Giesbert, seul le confinement des idées nous sauvera des conséquences sociales de cette pandémie.
Par son attitude sectaire, la nouvelle FGTB semble vouloir instaurer un climat semblable à celui de la Terreur. Les « ennemis du peuple », c’est-à-dire le MR, la N-VA et le patronat doivent être privés d’avocats et comme du temps de la Terreur, de simples « preuves morales » devraient suffire à les envoyer à l’échafaud.
Le drame avec le PTB (et ses amis ventriloques de la FGTB), c’est que sa direction n’a pas d’idées mais plutôt la foi inébranlable des croyants radicaux. La croyance que leur idéologie (dogme) est la bonne, la seule (monothéisme laïc) raisonnable sur terre. Raison pour laquelle, à l’instar des fous de Dieu au Moyen-Orient, ils exècrent le dialogue démocratique.
Bien sûr, ils rétorqueront que leurs représentants dialoguent sur les plateaux TV et en radio (la démocratie est bonne fille), mais ce dialogue en carton-pâte est en réalité un monologue consistant à dire : « nous ne voulons pas participer au pouvoir car nous ne voulons pas brader nos idées ».
Sous couvert de « pureté », ces représentants du peuple (disciples) refusent en réalité le dialogue tant que les « autres » (marchands du temple) n’ont pas accepté leur table de la loi. Pour eux, le mot « compromis », l’un des plus beaux de la langue française est associé à… compromission. Remplacez le mot « idées » par « religion » et vous comprendrez que le PTB est un parti laïc en apparence mais religieux dans son fonctionnement.
En effet, comment discuter avec quelqu’un qui dispose de la vérité révélée ? Impossible ! Au mieux, vous êtes un hérétique ou « à la solde du patronat ». Forcément, Georges-Louis Bouchez ne venant pas d’une famille aisée, mais d’un milieu très modeste du borinage, il n’était pas possible de l’attaquer de front sur ses origines. En revanche, en le traitant de vendu « au patronat », la FGTB le rabaisse au statut indigne de social-traitre.
Le PTB n’aime pas la droite dure (N-VA) ni la droite molle (MR), pas plus qu’il n’aime la gauche de gouvernement (PS). A vrai dire, la direction du PTB est religieuse (son paradis est supposé être sur terre et pas dans l’au-delà) et elle utilise les rouages de la communication moderne pour détourner l’attention du public sur sa vraie nature. Elle a fait prisonnier les électeurs de gauche en leur promettant monts et merveilles avec peu ou prou le même programme qui a mené la Grèce à la ruine: « Je dépense pour toi, tu votes pour moi ». A la fin de sa vie, François Mitterrand avait avoué qu’il croyait « aux forces de l’esprit ».
Visiblement, la direction du PTB aussi, elle fait tourner les tables dans les locaux de la FGTB et entre en contact avec des voix de l’au-delà qui lui disent que « dialoguer avec l’adversaire est un péché ». Le remarquable écrivain (de gauche) Jean-Claude Carrière donnait cette définition du mot « croyance » : certitude sans preuve.