Les Propos de l’Hérétique

Pas de « revue de presse » aujourd’hui, puisqu’il n’y a de toute façon qu’un seul sujet à traiter. Pas d’humour non plus, parce qu’on arrive à saturation devant certains comportements dépassant les limites de la bêtise. Reste l’espoir…

Que peut-il encore arriver ?

Une fois de plus, le secteur du voyage est touché. Que dis-je, touché ? Il est frappé violemment, il est par terre. Il entend le décompte : un, deux, trois… Avant, avec les crises du choc pétrolier, des guerres du Golfe, du terrorisme, du Printemps arabe, de la crise économique, de la mise au sol des B-737 MAX, de la faillite de géants, etc, etc, … il se relevait vite. Aujourd’hui, il attendra peut-être que le compte arrive à huit ou neuf. Mais se relèvera avant le KO.

L’hôtellerie est touchée, ainsi que la « meeting industry », les événements de toutes sortes, sans oublier tous les « fournisseurs annexes » tels que les magasins de souvenirs, les chocolatiers, les restaurants, les traiteurs, les interprètes, les loueurs de salles, etc. Mais c’est surtout à l’agent de voyages que je pense. Son cas est tout à fait particulier.

Non content d’avoir souffert comme les autres des affres citées ci-dessus, il a aussi dû affronter depuis longtemps la grande presse en général, qui le classe sans discernement parmi les inutiles, les profiteurs, si ce n’est les escrocs. Or voilà un personnage qui passe son temps à réaliser les rêves d’évasion des autres, qui les conseille, qui leur facilite la vie tout en prenant la responsabilité lors du moindre problème. Tout cela, c’est « normal », il gagne sa vie grâce à cela. Il est dans la « mauvaise tranche » qui répartit le monde : non celle des fonctionnaires qui seront de toute manière payés, mais celle de secteur « marchand », celui qui ose, qui risque, qui entreprend, et que l’on montre du doigt parce que, quand tout va bien, il gagne de l’argent.

Le seul métier au monde qui doit accepter de perdre

Là où ce n’est plus normal, c’est lors d’une crise comme celle-ci, où après avoir vendu un voyage, l’agent doit non seulement le rembourser, mais encore passer des heures à aider ses clients dans toutes les procédures d’annulations, expliquer ce qu’on peut faire, expliquer pourquoi on ne peut pas tout faire, affronter la mauvaise humeur, voire l’agressivité des clients et celle des fournisseurs, et tout ça pour pas un rond !!! Gratuit, à votre service, m’sieurs-dames.

Et non seulement l’agent ne gagne plus rien à ce moment-là, mais il perd ! Tous ses frais restent identiques, sans plus aucune rentrée. Comparez donc avec un avocat, par exemple, dont le compteur horaire tourne, aussi bien quand il gagne que quand il perd.

Et en plus de tout cela, en dehors de toute crise, le professionnel du voyage est montré du doigt par toute une frange de la population, composée de ceux qui rêvent de partir mais n’en ont pas les moyens, alors ils voudraient que personne ne puisse voyager. Et aussi par tous ceux qui voyagent, mais trouvent que tous les autres polluent quand ils voyagent, et qu’il faudrait donc les en empêcher.

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris…

Et puis Trump s’en mêle, avec une mauvaise foi jamais atteinte jusqu’ici. Ce sont les Européens qui importent le virus aux Etats-Unis ! Comme il vit sur la côte Est, il n’est pas conscient que tout l’Ouest américain est tourné vers l’Asie, et que des centaines de vols, chaque jour qui passe, amènent des Asiatiques (et leurs éventuels virus) sur son territoire.

Là où la mauvaise foi dépasse les bornes, c’est quand il déclare que les sujets Britanniques ne sont pas concernés par la mesure d’interdiction. Et ici on voit toute la perfidie du personnage : c’est une attaque de guerre économique, brutale, insensée. Le rêve de Trump est d’écarter non l’Europe mais l’Union Européenne qui s’oppose largement à sa politique.

Et parfois, il faut le dire, on peut lui donner raison. Mais il poursuit son rêve : créer une sorte de Commonwealth dans lequel rentrerait les USA comme puissance dominante, une communauté de langue et, largement, de mentalité, excluant le reste du monde, et surtout affaiblissant l’Europe (et ses Airbus par-dessus tout).

Une chose qu’il est difficile de tuer : l’espoir

Et pendant ce temps, il arrive quelque chose de somptueux : les Italiens chantent ! Ils ouvrent les fenêtres, vont sur leurs balcons, et ils chantent leurs chants éternels, toutes les mélodies mondialement connues qui sont le symbole de leur joie de vivre, seul remède à la tristesse.

Ils nous rappellent que le voyage, c’est aussi la rencontre de l’autre. A côté des idiots qui vont bronzer loin de chez eux sans sortir de leur provisoire ghetto, il y a tous ceux qui tentent d’approcher la vie des gens, la culture, les traditions. Et ceux-là véhiculent des valeurs comme la compréhension, la tolérance, l’admiration même.

C’est grâce aux voyages que nous rêvons devant les paysages somptueux, devant les constructions incroyables des hommes, devant la beauté imposante des animaux vivant sur d’autres continents. C’est grâce aux voyages que nous découvrons toutes les saveurs du monde, toutes les musiques du monde. C’est grâce aux voyages que nous prenons conscience des situations difficiles vécues dans d’autres régions que les nôtres, et du bonheur que nous avons de vivre dans un relatif bien-être.

Alors, oui, être agent de voyages est le plus beau métier du monde ! Bravo les gars, pour tout ce que vous faites, tenez bon, on vous admire et on vous aime !

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