Les profiteurs de la faiblesse

« The Lodge » à Watermael-Boitsfort est un restaurant bien sympathique et, en temps « normal » (comme l’été dernier), j’y vais en moyenne deux fois par semaine, soit avec des amis, soit avec des relations d’affaires. Pour sa cuisine, son rapport qualité-prix, sa terrasse sur deux niveaux bordée d’un étang, pour les facilités de parking, pour son cadre, pour son personnel charmant et surtout parce que, depuis le temps, on connaît mes habitudes, mes places préférées, mes goûts.

Mais, depuis la réouverture des terrasses, « The Lodge » reste fermé et s’en explique sur son site. Tant que les températures ne seront pas vraiment estivales, il ne rouvrira pas. Sauf, évidemment, si on peut recommencer à servir à l’intérieur. Et encore faudra-t-il se réorganiser et investir dans de nouveaux aérateurs, encore une invention d’experts sans doute. Et pour ennuyer qui ?

Y a-t-il des aérateurs dans les transports en commun ? Dans les chambres d’hôpitaux ? De toute façon, expliquait le patron Hubert de Bellefroid à la télévision il y a quelques jours, « dès qu’on aura les détails publiés au Moniteur, le temps sera compté pour commander lesdits aérateurs, pour savoir où les placer et pour entamer les travaux. Et comme tout le monde se précipitera, les fournisseurs seront débordés et beaucoup de restaurants ne seront pas prêts le 9 juin »

Encore une belle preuve du mépris des scientifiques et de leur porte-parole Vandenbroecke (ministre de la Santé en Belgique) pour les petits commerces. Reste à espérer qu’il fasse beau et chaud et qu’au moins « The Lodge » pourra ouvrir ses terrasses.

Climat à la belge

Le problème est que la Belgique est un pays où le temps est « changeant ». « Quatre saisons en un jour », disent les étrangers. Mais soit : les restaurants à terrasses connaissent cela depuis des lustres et sont préparés : grands parasols (parapluies en l’occurrence) et parfois radiateurs d’appoint. C’est moins évident pour ceux qui ont improvisé de nouvelles terrasses ou ont obtenu des dérogations pour les étendre.

C’est si vrai que, ces derniers jours, la Belgique a subit quelques tempêtes, avec giboulées, vent et tout et tout. Autant dire que, malgré le manque de contacts culinaires, ça en a découragé plus d’un, d’autant que manger sa sole avec un polar et des moufles, ce n’est pas pratique si on n’a pas été élevé chez les eskimos.

Je ne sais pas s’il existe un petit Bon Dieu, mais sur le coup, il n’est bien vengé sur le secteur Horeca. Il a fait super-beau pendant plusieurs jours et, dès l’ouverture des terrasses, ça a dégringolé. Merci pour tout ! Il fallait voir les larmes de personnels horeca à la télévision, c’était pathétique.

Les ordures au taquet

Mais il y a pire. L’autre jour, alors qu’une tempête se dessinait, un restaurateur a pris le parti de faire rentrer tout le monde à l’intérieur (ils n’étaient pas si nombreux) pour se protéger et terminer le repas au sec, le temps qu’il plie les parasols (oui, enfin, vous avec compris…) pour éviter qu’ils s’envolent ou se cassent comme c’était déjà arrivé. Vous savez quoi ? Il y a un petit râleur qui, à plusieurs reprises, a appelé la police et a porté plainte pour qu’on ferme son établissement.

C’est vrai, l’initiative était illégale, mais à la guerre comme à la guerre, non ? Pour le petit crétin qui avait sans doute peu apprécié son beurre maître d’hôtel, sans doute que non. Il devrait être sur liste noire de tous les hôtels, bars, restaurants et cafés du pays. Mais il y a encore pire ! Oui, oui, la nature humaine révèle parfois des ordures inattendues ! Ainsi avons-nous appris que les tenanciers de terrasses sur les trottoirs (dans des jardins clôturés, c’est plus difficile) sont de plus en plus victimes de grivèlerie.

On commande, on mange, on boit et on part sans payer la note, dès que le serveur est rentré à l’intérieur du commerce. Du coup, certains envisagent de faire payer les notes à réception du plat ou de la boisson. On reconnaîtra que ce n’est pas très commercial. Encore un verre de vin ? C’est autant ! Un petit dessert ? 8 € ! Deux cafés ? 6 € ! Tout ça, parce que des malfaisants profitent de la faiblesse de restaurateurs qui ont déjà souffert tant et plus.

J’aurais tendance à être généreux dans les pourboires pour ceux qui ont souffert si longtemps et je crois que nous sommes nombreux dans le cas. Mais apprendre qu’il y a des salopards – de tous âges, m’assure-t-on – qui profitent de ceux qui sont déjà dans la dèche, cela me révolte.

Allez, les températures vont remonter.

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