La grande peur des élections européennes du mois de mai prochain, c’est de voir l’émergence des partis populistes de droite et de gauche. Si la crainte est légitime, l’actualité montre que le populisme est impossible dans un petit pays.
Le rejet par les députés britanniques de l’accord de Brexit négocié par Theresa May a été perçu comme une victoire des partis populistes ou souverainistes. Mais avec le recul, c’est plutôt leur échec qui est en cause. Car clairement, la morale de ce rejet, c’est qu’un petit pays comme la Grande-Bretagne ne peut pas faire cavalier seul. Ni elle aujourd’hui, ni la Grèce hier, ni l’Italie ou la Hongrie de demain.
Voilà des pays qui sont gouvernés par des populistes de droite ou de gauche, mais qui contrairement à ce qu’ils clament haut et fort n’ont pas énormément de pouvoir de négociation. En Grande-Bretagne, les alternatives ne sont plus légion : soit on reporte la date fatidique de 29 mars pour trouver un accord, soit il faudra proposer aux électeurs britanniques de revoter une deuxième fois.
Les populistes qui brandissent une pancarte avec « No deal, No problem » se fourrent le doigt dans l’oeil. Le gouverneur de la banque centrale britannique a bien prévenu le gouvernement et sa population : en cas de Brexit dur, le coup sera aussi pénible qu’en 2008 quand la crise financière a éclaté. Autrement dit, le taux de chômage va augmenter de 4% à 10% et l’immobilier va s’effondrer de 25 à 35% sur 3 ans !
Sauf à vouloir se suicider collectivement, les populistes britanniques sont en train de réaliser qu’ils doivent abandonner leurs chimères de souveraineté s’ils ne veulent pas être à l’origine d’un appauvrissement massif de leurs concitoyens.
Même en Italie, la coalition populiste actuelle a dû rabattre ses prétentions. Au départ, lorsqu’elle a été élue, elle a proposé à la Commission européenne un budget populiste avec des tas de promesses électorales non financées et donc avec un déficit de 2.4%, soit un bien au-delà de qui est permis en Europe. Et cette même coalition a aussitôt ajouté qu’elle ne reculerait pas d’un millimètre face au diktat des fonctionnaires européens de Bruxelles.
Or, que voit-on aujourd’hui. Qu’en dehors des problèmes liés aux réfugiés, ce même gouvernement a accepté de diminuer son déficit et a même réduit sensiblement ses promesses les plus emblématiques comme un revenu universel citoyen. Il faut dire que les marchés financiers ont pris peur et ont immédiatement sanctionné le programme de ce gouvernement en augmentant le taux d’intérêt demandé à l’Italie.
Depuis lors, le discours italien est devenu nettement plus conciliant. Même chose en Hongrie et en Turquie. Tous ces pays populistes n’ont pas les moyens de leur politique. Le seul qui peut hélas se permettre de jouer cavalier seul, c’est Donald Trump. Pour la simple raison qu’il est la tête de la première puissance économique, monétaire et politique du monde.