La presse de l’Europe entière se penche sur les raisons de la faillite de Thomas Cook et se montre unanimement critique à l’égard de ses dirigeants. C’est évidemment au Royaume Uni que ces critiques sont les plus virulentes. La colère se tourne surtout contre les patrons de l’entreprise britannique.
Les « richards » (sic) sont pointés du doigt par la presse populaire de Londres. « Ils ont empoché 47 millions de livres (53 millions d’euros) alors que la société était au bord du gouffre », s’insurge le Daily Mail, tandis que le Daily Mirror évoque même 50 millions de livres, en dénonçant « des patrons cupides [qui] partent avec une fortune alors que 21.000 travailleurs perdent leur emploi ». Le gouvernement de Boris Johnson a d’ores et déjà diligenté une enquête sur le rôle du management de Thomas Cook dans la faillite de l’entreprise, rapporte le Financial Times.
Selon The Guardian, les patrons successifs de Thomas Cook auraient ainsi reçu [ces dernières années] plus de 39,4 M €, en salaire ou en bonus.
(Source : Le Courrier International)
Même son de cloche en France, où Capital précise que Peter Fankhauser, toujours patron du groupe, aurait également perçu une rémunération monumentale : 9,3 M£, dont 4,8 millions de bonus.
Des erreurs stratégiques
Mais « Thomas Cook paie des années d’erreurs stratégiques », estiment nos amis de La Quotidienne : une fusion très coûteuse en 2007 avec MyTravel pour devenir l’un des plus importants voyagistes européens, opérant en Allemagne, dans les pays scandinaves, en Russie, etc., qui a accru son endettement à 1,9 Md € … « Mais c’est surtout sa stratégie de modèle intégré qui est mise en cause, avec la gestion de deux compagnies aériennes, une flotte de 100 avions, 200 hôtels à travers le monde, et le concept de voyage clé en main, un modèle jugé par les observateurs « complètement dépassé » à l’heure du voyage sur internet, d’Airbnb ou des compagnies low-costs ».
« Comme Kodak ou encore Nokia avant elle, la marque Thomas Cook a manifestement pêché par son incapacité à s’adapter », estime l’hebdomadaire Marianne. Ce phénomène a un nom, poursuit-il : la « marketing myopia », ou « myopie marketing ».
Forgé dans les années 60 par un rédacteur en chef de la Harvard Business Review, Theodore Levitt, le concept désigne une approche marketing qui se concentre sur les besoins d’une société et ses produits au lieu de réfléchir aux besoins et aux désirs… de ses clients.