Les mots du Covid

Dans une de ses récentes chroniques, notre collègue et ami, l’Hérétique avait épinglé les « Citations bouleversifiantes de la semaine dans la littérature ‘travel’ ». Dans le genre, dans tout ce qu’on peut lire et entendre à propos de la pandémie, il y a des choses pas mal non plus et les médecins, soignants, journalistes, etc. font preuve d’une belle créativité. N’en voulons pour preuve que ces quelques néologismes, glanés ci et là depuis le mois de mars, et présentés dans le désordre :

Déconfinement : bien qu’il ne figure pas au dictionnaire, il est parfaitement construit à partir de confinement qui, lui, y figure… Alors que confiture et déconfiture sont toutes deux acceptées ! Allez comprendre ! Même si le sens du mot est compris par tout le monde.

Stratégie vaccinale : et pourquoi pas vaccinatoire, tant qu’on y est ? Sur le modèle de la « rage taxatoire », naguère dénoncée par Jean Gol [homme politique belge, 1942-1995] ? On songe aussi à Ségolène Royal qui, lors d’un voyage en Chine, avait inventé la «bravitude» de ceux qui gravissent la Grande muraille. Mais n’est pas Ségolène Royal qui veut — même si elle ne l’avait pas fait exprès… En fait, le mot correct est vaccinaire

Randomiser : quelques notions, même basiques, d’informatique ne sont pas inutiles pour comprendre ce mot qui signifie à peu près « s’en remettre au hasard ». Exemple: on vaccine tout le monde au hasard et on verra bien ceux qui choperont le Covid-19.

Présentiel : de tous les néologismes covidiens (tiens, en voilà un autre !), c’est sans doute celui qui s’est le plus rapidement imposé, par opposition à virtuel. Heureusement qu’on n’a pas (encore ?) inventé l’absentiel !

Clause de revoyure : vous croyiez peut-être qu’on ne trouvait ce mot que dans l’expression « A la revoyure, mon gars ! » que seuls les bouseux prononcent entre eux dans les mauvais films de cape et d’épée ? Eh bien pas du tout, on le retrouve bien rangé dans le dico, entre revouloir et revue. Qu’elle ait besoin d’une « clause » reste toutefois quelque peu étonnant.

Sidération : quoi qu’il y paraisse, le mot figure bien au dictionnaire, comme trichophyton, pilocarpine ou euplectelle, qu’on n’a pas l’habitude de lire souvent, et c’est bien dommage. « Suscitée par quelque chose de sidérant » devrait être à peu près le sens de ce mot, que Ségolène Royal aurait pu inventer.

Conventionnement : par là, il faut sans doute entendre le fait de se mettre au point une convention, un accord, tacite ou non, bref, de « convenir » de quelque chose. A quand son dérivé, « conventionnementation » ? Une histoire sans fin…

Je parle sous votre contrôle : là, on ne comprend pas bien, en tous cas pas tout de suite. Et comme il n’y a personne derrière le journaliste (par exemple), armé ou non d’un fusil, charger de veiller à ce qu’il répète mot pour mot ce qu’on lui a dit, il faut croire que cette bizarre expression signifie en effet autre chose. « Arrêtez-moi si je dis une connerie » me semble finalement la traduction la plus appropriée.

Il y a un trou dans la raquette : celle-ci est sans doute la plus drôle : Si on comprend bien, elle signifierait quelque chose comme « il y a un truc qui a foiré ». Il faut dire aussi que, depuis l’arrivée du Coronavirus sur nos terres, les occasions de se planter n’ont pas manqué… Et que les tournois de tennis se font rares.

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