Une compagnie aérienne kurde irakienne a effectué lundi son vol inaugural, faisant décoller avec elle l’espoir d’une renaissance économique pour la région en pleine crise, où Bagdad a levé il y a seulement trois mois son blocus aérien.
Fly Erbil, proclame en lettres d’or l’inscription sur le Boeing en partance vers Stockholm: sur le tarmac de l’aéroport international d’Erbil, le plus grand de la région autonome du Kurdistan, les officiels du gouvernement local disent espérer un retour aux années florissantes.
Il s’agit de la seule compagnie aérienne kurde à opérer en Irak actuellement
Le groupe jihadiste État islamique, « a retardé notre projet mais aujourd’hui, nous marquons une réelle avancée« , explique le PDG de Fly Erbil, Laund Cheikh Mamoundi, alors que la compagnie avait annoncé son lancement en 2015 mais n’a opéré son premier vol que lundi.
Fly Erbil possède déjà trois avions et espère agrandir sa flotte pour atteindre « dix avions« , affirme pour sa part son directeur administratif Ahmad Jamal.
La compagnie vole vers l’Europe, notamment les pays où vit une importante communauté irakienne et des investisseurs opérant en Irak, explique-t-il.
Après l’invasion de l’Irak emmenée par les États-Unis en 2003, le Kurdistan irakien –qui possède deux aéroports internationaux– a connu un véritable boom économique, alors que le reste du pays s’enfonçait dans la violence. Mais la percée de l’EI en 2014 a porté un rude coup aux investissements.
Les conséquences désastreuses du référendum d’indépendance de l’automne dernier, notamment la reprise de zones disputées et de leurs champs pétroliers par Bagdad, a mis à genoux l’économie du petit territoire, qui jouit d’une importante autonomie vis-à-vis du pouvoir central à Bagdad.
Parmi ses mesures de rétorsion, Bagdad avait également imposé près de six mois de blocus aérien aux aéroports d’Erbil et de Souleimaniyeh.
Aujourd’hui, se félicite l’hôtesse de l’air Nisrine Rachid, robe droite bleue marine et ceinture jaune, « nous servons nos clients, et en Kurde! ». « Je pense que cela les rend heureux, et nous, nous sommes ravis de les servir en Kurde », assure en souriant cette Kurde d’Irak.
Selon une étude de 2015 de la Banque mondiale, l’économie kurde irakienne a souffert du déficit budgétaire et de l’afflux de déplacés. « La croissance a connu une baisse de 5 % entre 2013 et 2014 tandis que le taux de pauvreté est passé de 3,5 % à 8,1 % durant la même période« , affirme le rapport.
La région vend son pétrole à l’avance contre des prêts. Le Kurdistan a ainsi emprunté plus de trois milliards de dollars au cours des trois dernières années qui sont remboursés par des barils chaque mois.