On dit souvent que la première victime d’une guerre, c’est la vérité. Mais pas besoin de guerre pour se rendre compte qu’entre ce que nous dit, nous répète à longueur de journée, il y a aussi parfois un immense fossé entre la réalité et le discours médiatique.
Prenez le cas des faillites après le covid-19 : en 2020, on nous dit que ce sera une hécatombe. Et puis, fort heureusement, il ne s’est rien passé fin 2020. Mais alors, on nous a dit à nouveau, «attendez, c’est uniquement parce que l’État avec ses diverses aides a empêché ces faillites, mais vous verrez, pour 2021, vous allez assister à un tsunami de faillites». Résultat : rien à nouveau, et tant mieux d’ailleurs.
Pire encore, si je puis l’écrire de la sorte, le taux de faillite fin de l’année dernière était à son niveau le plus bas depuis 21 ans ! C’est vrai, c’est grâce aux aides de l’Etat mais aussi parce que les petits patrons ne se sont pas versés de salaires et pas de dividendes. Bref, nos patrons de TPE et PME se sont serrés la ceinture et ont puisé dans leur épargne pour sauver leur boite. Et cela, les experts cathodiques ne l’avaient pas vu ou prévu.
De même, vous entendez souvent certains politiques dire que les jeunes ne peuvent plus se loger, que vu la hausse continue des prix de l’immobilier, les jeunes ne peuvent plus s’acheter un logement. A priori, le raisonnement semble correct, juste même, sauf que les derniers chiffres de la banque nationale et de toutes les grandes banques disent exactement le contraire. Du côté de banques comme Belfius, KBC ou BNP Paribas, le volume de crédit accordés aux jeunes est même en croissance si on compare 2021 à 2020.
Augmentation de 28% pour Belfius et augmentation de 33% pour BNP Paribas. Par ailleurs, les statistiques de ces banques montrent que les jeunes Belges empruntent plus que la moyenne et pour une durée plus longue que leurs ainés. Bien entendu, la plupart de ces jeunes bénéficient d’un coup de pouce de leurs parents car bien souvent les banques n’octroient sous forme de crédit hypothécaire que 90% du prix du bien. En clair, les 10% restant à payer plus les frais de notaire et les droits d’enregistrement, ce sont autant de fonds propres que les jeunes en question doivent chercher auprès de leurs proches.
Et c’est en partie ce qui explique une bonne partie des donations faites par les parents de leur vivant autour des 60 ou 65 ans. A gauche de l’échiquier, on rétorquera que les ménages les plus pauvres ne pourront par définition par aider leurs progénitures, ce qui est en soi est une inégalité intenable. Oui, sauf que le prix actuel du logement est un faux problème.
La raison ? Il suffirait de bâtir un peu plus pour voir les prix baisser. Or, le foncier est là et bâtir nous savons le faire depuis la nuit des temps. Seulement voilà, les mêmes politiques qui se présentent comme les défenseurs des jeunes démunis refusent d’octroyer des permis de bâtir ou les délivrent au compte-goutte.
Et dans une ville comme Bruxelles, à défaut de foncier disponible, il suffirait par exemple d’augmenter la densification. Autrement dit, augmenter la hauteur des bâtiments mais sans enlaidir la ville pour autant. Mais les politiques s’y refusent pour diverses raisons idéologiques mâtinées de préoccupations environnementales.
Mais n’est-ce pas un sage qui a dit un jour: «si vous aimez le chant des oiseaux, n’achetez pas une cage, plantez un arbre». J’avais envie de dire aux politiques aujourd’hui, si vous aimez les jeunes, ne critiquez pas les propriétaires ou les banques, délivrez des permis de bâtir, svp.