Les Institutions européennes vont-elles larguer Bruxelles ?

Un titre provocateur ? Pas si sûr… La semaine dernière, la Commission a déclaré vouloir supprimer des dizaines de milliers de m² de bureaux qu’elle occupe à Bruxelles. La raison invoquée est le télétravail (enfin, télé sûrement, travail c’est à vérifier).

Certes, ce n’est pas la première fois que la Commission fait ce genre de déclaration, mais elle n’est jusqu’ici jamais passée aux actes. Alors pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ?

Notre informateur a une position très élevée dans les instances européennes. Et il se fait le porte-parole de très nombreux collègues : les fonctionnaires européens en ont marre de Bruxelles !

Pour travailler à Bruxelles aujourd’hui, il n’y a qu’une solution, et elle est mauvaise. Mais prenons en considération tous les cas de figure.

Soit on habite en périphérie proche : les communes bruxelloises les plus éloignées du centre, ou celles situées dans la « ceinture verte ». Pour ceux-là, se rendre à Bruxelles est un calvaire, avec les larges chaussées réduites à une seule bande pour faire place à quelques vélos, et avec la limitation à 30 km/h, sans parler des feux synchronisés pour empêcher la fluidité du trafic.

Soit on n’habite pas trop loin du centre, et alors, outre les mêmes problèmes que ci-dessus, se pose aussi la question du parking devant ou proche de son habitation. Ou alors il faut obligatoirement un garage, ce qui n’est pas si fréquent dans le centre de Bruxelles.

Voilà ce que nous avons entendu. Avec la conclusion qui suit : « On en a marre de cette ville, on n’a plus qu’une seule idée, c’est de partir ! ». Et les deux poids lourds de l’Europe, la France et l’Allemagne, voient cela d’un œil plutôt favorable… Il reste encore beaucoup de place à Bonn, l’ancienne capitale de la RFA, et la France voudrait redonner à Strasbourg son rôle de siège effectif du Parlement.

Sans compter les transports : entre une et deux heures de moins pour relier Bonn à Strasbourg par rapport au trajet depuis Bruxelles vers la métropole alsacienne. Ceci en voiture. C’est encore plus facile en train : moins de 4 heures dans tous les cas de figure.

Cette option, dont on recommence à parler plus ou moins ouvertement, serait dramatique pour Bruxelles. Pas tant pour les habitants les moins favorisés, ceux qui de toute manière ne peuvent se payer une voiture électrique ni une maison avec garage. Mais le commerce en souffrira, le tourisme plus encore, les hôtels au premier rang des entreprises touchées.

Ne parlons pas du MICE, cette poule aux œufs d’or pour Bruxelles, enfin :ex-poule qui voit la casserole approcher. Finies les dizaines de réunions quotidiennes (beaucoup sont déjà maintenant délocalisées), finies les sessions pléniaires du Conseil et du Parlement. Et en plus de cela, qui voudra encore organiser un grand salon international à Bruxelles ?

Or le Parc des Expositions du Heysel est l’une des sources principales de revenus pour la ville, une source qui lui permet de financer des projets sur l’habitat et la qualité de vie.

Visiblement, c’est une voie dangereuse qui a été choisie. On l’appelle la politique du hot-dog. C’est bon, un hot-dog ! on le mange avec appétit ; mais si on va un peu trop loin, on se mord les doigts.

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