Les Îles de la Madeleine, un petit paradis québécois

Les Îles-de-Madeleine multiplient les plages qui sont autant d’invitation à se promener les pieds dans le sable ou à rêvasser face à l’immensité de l’océan.

Voyager aux îles de la Madeleine, c’est s’offrir un dépaysement total : horizon toujours dégagé, longues dunes dorées, plages à l’infini, falaises de grès rouges léchées par une mer frémissante, collines verdoyantes et une kyrielle de maisonnettes colorées. C’est aussi la rencontre fascinante avec une culture originale qui fait la fierté des Madelinots, descendants d’Acadiens.

Pour d’aucuns, cet archipel d’une douzaine d’îles et d’îlots a la forme d’un hameçon comme pour mieux appâter le voyageur, d’autres y voient un croissant pour aiguiser la gourmandise. Sept d’entre elles sont habitées, six sont reliées par des cordons dunaires enserrant des lagunes, et toutes sont autant de perles précieuses d’un chapelet flottant au large du golfe du Saint-Laurent.

Sur l’île de Havre-aux-Maisons, depuis le cap Alright, on découvre une vue spectaculaire sur des falaises grises et sur toute la baie de Plaisance léchée par la mer.

Chacune est un monde avec sa personnalité propre : Cap-aux-Meules, l’administrative ; Havre-Aubert, la touristique ; Havre aux Maisons, la champêtre ; Grosse-Ile, la traditionnelle ; Grande-Entrée, capitale du homard ; Ile de la Pointe aux Loups, la minuscule ; île d’Entrée, la sauvage. De partout on voit la mer et on l’entend chanter.

Un bout du monde

Les Madelinots tiennent à leur autonomie, il faut vouloir aller jusque chez eux. Depuis Montréal, le vol est aisé même s’il se fait à sauts de puce en passant par Québec puis Gaspé. Rien de tel pour plonger dans l’ambiance bavarde des îliens, nombreux à voyager entre le continent et leur terre et chaque fois trop heureux de partager un vol ensemble.

De quoi s’immerger d’emblée dans cet accent décapant qui donne à leur langage une tonalité unique à laquelle il faut s’habituer pour en saisir toutes les nuances ! Même le fuseau horaire est différent, ils vivent à l’heure de l’Atlantique, décalés du continent. D’ailleurs un Madelinot est d’abord un Acadien, ensuite un Québécois, accessoirement un Canadien et dans la plupart des jardins flotte un drapeau acadien tricolore aux couleurs de la France mais piqué d’une étoile jaune.

A l’Etang-du-Nord, le site de La Côte est un lieu de rencontre des Madelinots aux abords du port de pêche et des petites boutiques colorées.

Ce sont les Acadiens, chassés de leur patrie en 1755, qui se réfugièrent aux îles de la Madeleine et jetèrent les bases d’un peuplement permanent sur cet archipel déjà connu par les pêcheurs Micsmacs et européens. D’autres nationalités y ont contribué également, autant de réfugiés en quête de terre, chassés de chez eux par la révolution écossaise, la révolution américaine, la famine de la patate en Irlande, la révolution française.

Dix ans plus tard, Isaac Coffin, un amiral britannique de triste mémoire, obtient les îles en concession à perpétuité. Il soumet les insulaires à un régime féodal inflexible, exigeant le paiement d’un loyer annuel sous la forme de deux quintaux de morue. A cette sujétion s’ajoute celle exercée par les marchands jersiais, britanniques et canadiens auprès de qui les pêcheurs s’approvisionnaient et s’endettaient sur le produit de leur pêche.

Depuis l’auberge Havre-sur-Mer, on a un accès direct au petit port de l’Anse-à-la-Cabane fréquenté en saison par les pêcheurs de homard.

Il faudra attendre 1895 pour que les Madelinots puissent racheter les lots de terres qu’ils avaient défrichés pour se suffire enfin à eux-mêmes. Au siècle dernier, l’abolition du joug seigneurial, le développement des contacts avec le continent et l’émergence de coopératives leur permettront d’améliorer leurs conditions de vie. Ils n’en restent pas moins très attachés à leur histoire et à leurs coutumes rythmées par les saisons de la pêche, aujourd’hui très réglementée.

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Celle du hareng, du maquereau, de la morue, du homard, du crabe, du loup marin et jadis de la vache marine. Les quotas sont draconiens, il faut sauver les espèces et l’assurance chômage compense les mois d’inactivité durant les longs mois d’hiver.

Les îles ne se reposent jamais

Aux îles, le vent du large fait partie du paysage. Omniprésent, il ébouriffe les visages, balaye l’archipel et accompagne l’inlassable ressac des vagues qui grignotent inexorablement les falaises pour les transformer en langues de sable.

La plage de sable fin de la Dune du Sud est ceinturée de falaises rouges et de grottes accessibles à marée basse.

L’Atlantique ne cesse de faire et de défaire le paysage, recomposant ses lisières, redessinant des champs de dunes qui cèdent aux instances du vent jusqu’à alimenter d’autres plages où l’ammophile, une herbe qui ne craint ni les embruns, ni l’ensablement va peu à peu fixer les dunes et les coloniser.

Malheureusement, le dérèglement climatique accélère les phénomènes d’érosion. L’hiver, les Madelinots espèrent le couvert de glace qui protège les falaises de grès rouge de l’assaut des vagues mais il est chaque année plus rare. En été par contre, les couleurs contrastées du grès rouge et du sable blond font toute la beauté des plages où les familles aiment à se protéger des ardeurs du soleil à l’ombre des étranges cavernes creusées dans les falaises par la mer.

Le vent fait aussi le bonheur de tous les fans de jeux aéro-tractés : cerf-volant, kitesurf, voile, etc. et offre de beaux défis aux plus audacieux Les îles comptent parmi les meilleures destinations en Amérique du Nord pour la pratique des sports de vent.

Depuis le littoral sud de l’île de la Grande Entrée, on peut observer les phoques gris qui se prélassent sur une échouerie, à savoir un lieu rocheux où ils s’entassent au soleil les uns contre les autres.

Sans doute n’est-ce pas Hawaï mais avec ses 300 km de plages de sable blanc, le vent et la mer, toutes les conditions sont réunies pour que kiteux ou autres véliplanchistes débarquent dans les villages. La rencontre improbable entre ces sportifs basanés et les vieux pêcheurs locaux pour échanger sur la force des vents n’en a que plus de charme.

Sur les buttes verdoyantes ou au bord des falaises s’éparpillent des maisons revêtues de bardeaux de cèdre peints de rouge vif, de bleu pervenche ou de vert anis. Elles sont curieusement posées au milieu des asters sauvages sans aucune logique urbanistique apparente et rien ne semble marquer la limite des jardins.

Comme son nom l’indique, Havre-aux-Maisons regorge de maisons traditionnelles plus colorées les unes que les autres qui s’éparpillent ici sur la butte à Mounette.

Leurs couleurs chatoyantes rappellent qu’elles étaient jadis un repère visuel pour les marins. Les récifs, les bancs de sable et les vents violents ont causé naguère de nombreux naufrages faisant des îles le second cimetière marin en Amérique du Nord avec quelque 300 épaves gisant encore sur les fonds marins.

Un réservoir d’artistes

Une route unique, la 199, parcourt le chapelet d’îles sur toute sa longueur, à peine 85 km de part en part. L’occasion de longer les étroites dunes qui tracent des liens entre les îles et d’observer les phoques qui nagent côté mer et les oiseaux aquatiques qui nichent dans les lagunes.

Des routes secondaires permettent de faire le des îles et de découvrir des vues panoramiques à couper le souffle entre le bleu de la mer, les côtes déchiquetées et les collines verdoyantes piquées de maisonnettes multicolores.

La plage du Cap à Isaac sur l’île de la Grande-Entrée est le rendez-vous des kiteurs qui y trouvent des conditions de vent idéales pour pratiquer leur sport.

A chaque île son décor et ses habitudes. A Havre-Aubert, on y vient pour son site historique de la Grave, une plage de galets dotée d’un petit port de plaisance et bordée d’échoppes artisanales installées dans d’anciennes maisonnettes de pêcheurs.

A l’entrée du village, la boutique des Artisans du Sable propose des réalisations originales grâce à une technique de compactage qui rend le sable dur comme de la pierre, de quoi le sculpter ou le tourner pour créer des jolis souvenirs abstraits ou figuratifs.

Leur impressionnante collection d’échantillons de sables du monde capte les rêveries des petits et des grands et en font un haut lieu de poésie. A Havre-aux-Maisons, une île toute en légères buttes vertes, une ancienne école reconvertie en atelier donne à découvrir des souffleurs de verre au travail.

Magie de la palette de couleurs entre les verts des prairies et les bleus du ciel se mirant dans l’eau à Grosse-Île qui a préservé le mode de vie pêche-agriculture.

Plus loin, le Fumoir d’Antan est l’ultime rescapé de la crise de la surpêche des années 1970. La quatrième génération de boucaniers y fume comme jadis le hareng : des centaines de poissons préalablement salés sont suspendus durant 3 mois au-dessus de feux de bois de bouleau et d’érable en combustion lente.

Aujourd’hui, le fumoir s’est associé avec d’autres producteurs locaux et n’hésite pas à fumer des crabes, des pétoncles, du saumon, du fromage et même du malt pour alimenter la microbrasserie de Cap-

A l’Etang-du-Nord, la microbrasserie A l’Abri de la Tempête valorise l’utilisation de matières premières locales dans la conception de ses bières. A déguster sans tarder de préférence sur le site même face à la plage et à l’océan !

Aux-Meules qui porte le nom évocateur de A l’Abri de la Tempête, un lieu qui concentre le meilleur de l’archipel avec des bières en bouteille, d’autres en fûts et des palabres qui mentent et qui fermentent et qui sont autant de bières goûteuses éphémères qui rassemblent les insulaires dans le pub installé à l’étage avec une terrasse offrant une vue exceptionnelle sur les dunes de l’Ouest battues par le vent.

On s’étonne de tant de créativité mise au service du Bon Goût Frais des Iles, un label qui assure une production biologique et authentiquement madelinienne avec toujours le parfum du grand large dans l’assiette ou dans le verre. Ailleurs ce sont les artistes de tout poil qui exposent leurs créations au nom de l’inspiration née de la lumière exceptionnelle qui teinte le paysage et de cette nature changeante qui multiplie les tableaux.

L’île de Havre-Aubert possède le plus ancien (1870) phare de l’archipel toujours en activité et avec ses 17 mètres, il est aussi le plus haut des Îles-de-la-Madeleine.

Une manière surtout de s’évader au-delà de l’horizon dans une petite île entourée d’immensité. L’hiver, la vie s’arrête, la circulation fige chacun dans son île et les voisins se réunissent pour encourager les initiatives artisanales, se raconter des histoires et chanter en adoptant le rythme de l’instrument de musique de la maison. Tout cela en attendant le retour de la saison du homard ou du tourisme qui apporte le plaisir de voir de nouvelles « faces » comme on dit par ici.


Infos : www.quebecmaritime.ca qui comprend les 4 régions touristiques de l’Est du Québec : le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, la Côte-Nord et les îles de la Madeleine. Autre site www.quebecoriginal.com qui couvre tout le Québec.

Y aller : Pour ceux qui aiment l’indépendance, le plus simple est d’y aller en avion et d’y vivre au moins 4 jours en louant à l’aéroport un véhicule pour flâner d’une île à l’autre.

Y loger : Rien de tel que de multiplier les expériences entre le nord et le sud de l’archipel. Incontournable dans l’île de Grande Entrée qui abrite le plus grand port de pêche au homard du Québec, La Salicorne www.salicorne.ca, une auberge champêtre ouverte à l’année et campée sur une butte les yeux rivés sur le grand bleu.

L’ambiance y est conviviale, la table excellente et le programme d’activités variées entre randonnées guidées, visite des communautés et excursion nautique en compagnie d’un pêcheur du cru. On y trouve aussi un centre d’interprétation du phoque, une visite essentielle pour mieux appréhender la vie des Madelinots.

Une autre étape idéale pour se ressourcer sur l’île de Havre-Aubert, plus précisément à l’Anse-à-la-cabane, à Havre sur Mer www.havresurmer.com, une adresse au charme discret avec une vue panoramique sur la mer et un accès direct à la plage.

Attention : pour préserver les écosystèmes, veillez à trier les déchets, économiser l’eau et évitez de piétiner les dunes en dehors des sentiers.

 

 



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