Selon les données du gouvernement américain, les agressions sexuelles sont les délits les plus fréquents à bord des croisières. Car si ces navires sont souvent considérés comme de véritables « villes flottantes », les bateaux de croisière subissent dès lors, tout comme les villes, la délinquance et la criminalité.
Chiffres américains
Sur toute l’année 2016 et les trois premiers mois de 2017, 92 crimes ou délits ont été signalés à bord des croisières qui font escale aux États-Unis, dont 62 agressions sexuelles (soit 70%). Pire encore, d’après un récent reportage de NBC News, de nombreuses victimes seraient mineures.
À cela s’ajoute le fait que la plupart des agressions sexuelles ne sont pas signalées, et les faits considérés comme tels sont souvent laissés à l’appréciation du personnel assurant la sécurité à bord. Par ailleurs, des experts estiment que ces faits sont souvent catégorisés comme des « incidents » moins graves. Ces chiffres seraient donc à revoir à la hausse.
Un environnement propice ?
D’une manière générale, l’environnement des croisières favoriserait les agressions sexuelles au prétexte que les gens sont moins prudents en vacances, se croyant en sécurité. Mais il faut ajouter un autre facteur : l’abondance de l’alcool à bord, d’autant que les clients ne doivent pas limiter leur consommation pour prendre la route plus tard.
Les adolescents ont souvent la possibilité de se promener librement sur le navire, les exposant davantage à des situations « à risques ». Autre fait divers : une jeune fille de 15 ans s’est faite violer par plusieurs hommes ivres lorsqu’elle quittait une boîte de nuit réservée aux adolescents à bord d’une croisière.
En réalité, mettre les clients en garde contre ce genre de risques affecterait considérablement l’attractivité de ce secteur. Associé au sentiment d’impunité que favoriserait la présence en mer, loin des autorités terrestres, les croisiéristes préfèrent ne pas ébruiter ce genre d’affaires. Cela vaut aussi lorsque ce sont les employés qui se rendent coupable de ces faits – profitant de leur position de pouvoir face à un(e) mineur(e) – et s’en tirent souvent par un simple licenciement.
Un problème de juridiction
En pleine mer, les autorités ne peuvent pas intervenir immédiatement, puisqu’elles ne sont pas présentes sur le bateau. Seuls les gardes et agents de sécurité – employés par la compagnie – peuvent se charger de la question, avec un problème de conflit d’intérêt en raison des poursuites possibles à leur encontre ou à celle de leur employeur.
De plus, pour rester dans l’exemple de la région américaine, les bateaux naviguent dans les eaux internationales et se retrouvent périodiquement sous la juridiction de pays comme les Bahamas, le Panama ou le Libéria, qui sont des pays encore plus laxistes en matière de viol – mais ce problème vaut pour beaucoup d’autres pays du monde.
Image & Efficacité
Bien entendu, les compagnies continuent à maintenir que les croisières assurent une parfaite sécurité. Certes, il s’agit de situations dont le nombre est difficile à évaluer et il ne faudrait pas exagérer les risques encourus, mais cette sécurité n’est certainement parfaite et aller jusqu’à affirmer que les agressions sexuelles surviennent moins souvent en mer que sur terre ne semble pas pertinent.
Concernant les croisières américaines, les législateurs ont proposé une législation fédérale qui s’appliquerait à bord, envisageant la possibilité d’implanter des « marshalls des mer », similaires à ceux qu’on trouve à bord de certaines lignes aériennes, pour superviser la sécurité des passagers.