En deux jours, je suis tombé trois fois sur ces mots : le couteau suisse. À croire que les journalistes se sont donné le mot. Ainsi le ministre wallon Jean-Luc Crucke est qualifié du couteau suisse du gouvernement, parce que, sans être ministre du tourisme, il est celui des aéroports et des infrastructures sportives, comme il est ou a été (on sait plus) celui du budget et du climat, et comme en plus il parle flamand comme Erdogan parle turc, c’est lui qu’on envoie en première ligne pour discuter, vu qu’il s’entend bien avec tout le monde. Très utile, ce couteau suisse.
Ensuite, c’est le cas du footballeur belge Tim Castagne, que l’on peut mettre sur l’aile droite ou l’aile gauche, devant, derrière et même au centre de la défense : le couteau suisse du manager Roberto Martinez. Il a joué et joue en Belgique, en Italie, en Angleterre : il est multifonction, multi culture.
Et en ce qui concerne le journalisme professionnel, nous avons Patrick Anspach : il est le grand spécialiste de l’aviation, mais aussi le président du comité d’éthique journalistique (enfin, un truc comme ça, bien utile d’ailleurs), l’ami de James Bond, le seul, le vrai, et j’en passe. À l’aise dans son domaine de prédilection, il l’est aussi dans l’humour et la nostalgie comme il l’a prouvé dernièrement dans PagTour. Le couteau suisse du journalisme en Belgique.
Rien de commun entre ces trois personnages, si ce n’est la modestie (apparente, en tout cas pour les deux que je ne connais pas bien, et réelle pour le troisième). C’est pourquoi l’expression « couteau suisse » ne me semble pas trop appropriée : n’est-ce pas finalement un instrument qui voulait être canif à la place du canif ?