Un article publié le 27 Mai dans l’Echo a attiré notre attention. Il portait sur les aides d’Etat à Brussels Airlines et la grogne des instances européennes à ce sujet.
Pour une fois, l’article n’était pas signé du spécialiste maison, Patrick Anspach. Les auteurs mettaient en doute la légalité du prêt envisagé par l’Etat belge au regard des « lois » européennes. L’Europe n’est pas contre une avance de fonds, mais rappelle que les Etats ne peuvent devenir actionnaires d’une compagnie aérienne privée. Or c’est bien ce que demandait l’Etat : en échange de quelques dizaines de millions, il demandait un droit de regard dans la gestion, non pas tellement celle de Lufthansa, mais en tout cas la gestion de Brussels Airlines dans le groupe LH.
Quoi de plus normal : c’est ce que demande tout actionnaire quand il entre dans le capital d’une société. On va me dire que l’Etat belge ne sera pas vraiment un actionnaire de LH, mais plutôt un bailleur de fonds pour SN. C’est exact sans doute, mais où est vraiment la différence ? Ne jouons pas sur les mots : celui qui investit, donne, ou prête de l’argent à un tiers a bien le droit de réclamer un contrôle !
C’est exactement ce que demande aussi l’Etat autrichien pour les 300 millions qu’il va prêter pour sauver Austrian Airlines. On attend la réaction de l’Europe… En revanche, quand l’Etat italien déclare qu’il va, lui, carrément renationaliser Alitalia, pas de réaction. Quand l’Etat français accorde des aides à Air France et à d’autres compagnies françaises, pas de réaction.
C’est évidemment bien plus facile pour les pontes de la CE de s’en prendre aux petits Etats. En échange de l’un ou l’autre poste de prestige, il semble qu’on puisse les mener par le bout du nez. Quant aux « gros », la décision revient plutôt au Conseil des Ministres, là où c’est la politique pure qui gouverne.
Deux poids et deux mesures qui, aux yeux les citoyens lambda, paraissent très injustes. Voyons comment d’autres Etats vont intervenir dans leurs compagnies respectives. Qu’on ne me dise pas que, par exemple, CSA ou Cyprus Airways s’en sortent sans aucune aide. Et nous pourrions citer sans doute 30 compagnies aériennes battant pavillon d’un Etat européen.
L’Europe est en crise, mais bien peu osent le dire. Sa crédibilité est gravement touchée. On a l’impression que le seul lien qui subsiste est celui de la monnaie unique, sans quoi elle serait peut-être en train de se dissoudre.