Non seulement les Offices nationaux de tourisme jouent un rôle de plus en plus négligeable dans le choix d’une destination, mais ils vont devoir faire face à une nouvelle concurrence : celle des ordinateurs.
A la différence d’Internet à l’origine, qui n’autorisait que la communication dans un seul sens (vers l’utilisateur), le 2.0 fut celui de la participation des internautes, qui vit l’explosion de la culture participative dans la génération de contenus, à travers les blogs notamment. Et le web 3.0 ? Nous y voilà !
Le terme web 3.0, ou sémantique, décrit un univers où les ordinateurs eux-mêmes génèrent leurs propres données. C’est le règne de l’hyperconnexion entre ordinateurs, tablettes, smartphones et, bientôt, n’importe quel objet.
Toutes ces données, générées la plupart du temps à l’insu de l’utilisateur, composent le « big data », cet univers nouveau de données souvent éparpillées sous forme de « nuages » où plongent des logiciels spécialisés pour en retirer la substantifique moelle…
Sans rien demander
La recherche y est plus rapide qu’avec n’importe quel moteur et les résultats sont fournis sur un plateau à l’internaute, avant même qu’il n’ait achevé sa requête, voire même sans qu’il ait rien demandé du tout !
Comme le site last.fm, qui anticipe les envies de musique de l’internaute en fonction de ses téléchargements précédents, de plus en plus de plateformes font appel à des logiciels spécialisés qui identifient l’internaute et créent son « historique » en quelques fractions de secondes, en fonction de ce qu’il a récemment acheté, des sites qu’il a simplement consultés ou même — ce qui est plus inquiétant — des mots utilisés sur les réseaux sociaux et dans ses courriers électroniques.
Des « suggestions » orientées
Le monde du tourisme est ainsi désormais tout à fait capable de « suggérer » à chaque internaute des idées de vacances ou de week-end en fonction de ses goûts, de ses centres d’intérêt et de son budget.
Tel est l’avenir de l’industrie du voyage, qui sera aussi, n’en doutons pas, tout à fait capable d’orienter le client final vers les destinations et les formules qui correspondent le mieux à ses propres intérêts.
Les petites structures, mieux armées
Plutôt que les offices nationaux de tourismes, des structures régionales, comme des associations de communes ou de stations de sports d’hiver, par exemple, ou encore des « routes » ou des regroupement thématiques, paraissent paradoxalement mieux armées pour assurer leur propre promotion et de manière extrêmement ciblée. Grâce à une structure plus souple, un sens inné du contact et parce qu’elles connaissent le terrain mieux que quiconque. A elles de saisir ces nouvelles occasions.
Les trois quarts du trafic sur Internet
Quel rôle joueront encore les médias dans la promotion des destinations ? En gros, tous les efforts vont se porter sur l’image. Mais pas à la télé : sur le web ! Car il n’y a paradoxalement que peu d’émissions consacrées au voyage. Seuls les « Rendez-vous en terre inconnue », diffusés sur France 5, attirent entre 3 et 4 millions de téléspectateurs, quand « J’irai dormir chez vous » n’en rassemble que 800.000.
L’audience des télévisions est en baisse partout, mais YouTube — désormais filiale à 100 % de Google, faut-il le rappeler — compte aujourd’hui un milliard d’utilisateurs par mois.
Un Français sur deux s’y connecte chaque jour. Et 500 millions de personnes regardent une vidéo chaque jour sur Facebook dont, et c’est une curiosité, 82 % sans le son.
On trouve encore 82 % d’utilisateurs de Twitter à regarder des vidéos, et même 10 million quotidiennement sur Snapchat ! En on estime qu’en cette année 2017, regarder une vidéo en ligne comptera pour 74 % de tout le trafic Internet…
Ce ne sont pas les vidéos qui manquent !
C’est dans ce contexte que la chaîne M6 va investir plusieurs millions d’euros dans la création de chaînes thématiques sur YouTube.
Jean-Pierre Nadir, le charismatique fondateur d’easy Voyages, déjà cité, songe à lancer « sa » chaîne avec, dans un premier temps, une périodicité mensuelle.
Ce ne sont pas les heures de vidéo qui manquent, mais la question reste de savoir comment monétiser ce genre d’initiative. C’est aussi un des aspects de la mutation en cours : personne n’en sait rien…
Quoi qu’il en soit, ceux qui sont chargés de la promotion du tourisme de leur pays ou de leur région feraient bien d’y réfléchir !